Le diptyque Lontano et Instante explore les possibles cinétiques, physiques et hypnotiques de la roue Cyr en deux soli conçus par Marica Marinoni et Juan Ignacio Tula.
Engager son corps à l’extrême, aller jusqu’au bout de la transe dans un voyage de vie. Ainsi va Instante, premier né des deux pièces de cette soirée, réunies sous les hospices de la roue Cyr. Créé par le Québécois Daniel Cyr dans les années 1990, cet anneau de métal succède à la roue allemande, née dans les années 1920, composée de deux cercles reliés parallèlement par des barres. Plus véloce, ce nouvel agrès puise sa mise en mouvement dans la force même de l’acrobate, emporté dans des circonvolutions proches de celles d’un derviche. Compagnon de route de Mathurin Bolze à sa sortie du Centre national des Arts du Cirque de Châlons-en-Champagne (Cnac), l’Argentin Juan Ignacio Tula compose son premier solo en 2018. Son corps ne fait qu’un avec l’élément qui l’emporte dans une fusion menant à la transe. Il égrène des instants de vie en forme d’images fantastiques grâce à l’utilisation subtile de la persistance rétinienne dans une création lumière reproduisant l’effet magique de l’art cinétique. En état second, l’artiste nous laisse médusés, au bord de visions surréalistes magnétiques invitant au lâcher-prise, mais aussi suspendu au-dessus d’un gouffre de vertiges personnels. L’épuisement charnel offre au cheminement de l’âme un supplément de conscience.
En pendant gémellaire de ce spectacle, il compose Lontano avec son interprète, Marica Marinoni, rencontrée au Cnac. La roue Cyr n’est plus cet étrange intercesseur vers un monde intérieur, mais se fait exutoire. Le corps-à-corps de la circassienne armée de gants de boxe avec la roue prend les atours d’un duel avec soi-même. Une ode à la résistance face à un adversaire, qui rend coup pour coup, à dompter comme ses démons. Par la répétition de boucles endiablées, elle attaque ses limites physiques pour sortir du contrôle, cherchant dans l’abandon la nature première de gestes enfouis sous des couches d’habitudes. De lutte en chutes répétées émerge une forme de résilience. Une révolution intime en miroir des cercles giratoires – en apparence – implacables. Une réappropriation le souffle court, mais la tête haute. Dans un écho confucéen, peu importe la chute, l’important étant de se relever, à chaque fois.
Aux Bains douches (Montbéliard) mardi 22 novembre (dès 10 ans) et au Théâtre de Bourg-en-Bresse vendredi 25 et samedi 26 novembre dans le cadre de Courts Cirques, oui !
mascenenationale.eu – theatre-bourg.fr