Quel bilan pour la culture dans votre ville ces six dernières années ?
Le mandat qui s’achève a été marqué selon par l’absence d’une ligne claire dans la politique culturelle ainsi que par le renoncement à l’ambition d’accorder le droit à la culture au quotidien à l’ensemble de la population mulhousienne. D’une part, le Maire et son équipe ont décidé d’orienter la politique culturelle vers l’événementiel, en privilégiant les manifestations ponctuelles au service de sa communication; d’autre part, en faisant le choix de dissocier la culture dite « populaire » en créant une délégation séparée, il a renforcé la fracture culturelle dans notre ville et renoncé définitivement à bâtir un projet proposant l’excellence culturelle pour le plus grand nombre.
Par ailleurs, la fermeture en début de mandat d’un lieu alternatif dans la rue des Verriers a stoppé une dynamique naissante autour de la musique et des arts plastiques.
Quels axes de politique culturelle souhaitez-vous mener en cas de victoire aux Municipales ?
Mulhouse est une ville qui a soif de culture et qui a besoin d’une politique culturelle qui réponde aux nombreux défis. L’un de ces défis est la nécessité de proposer un projet qui s’inscrit dans la durée et qui permet un vrai partage culturel entre les habitants de notre ville. Mulhouse est une ville cosmopolite, une ville monde. Chaque personne, avec sa propre identité culturelle, peut apporter une contribution au projet que nous souhaitons construire avec les Mulhousiens et avec les institutions culturelles de notre ville. Nous vivons précisément une période de notre histoire où la culture doit être un dernier rempart, un lieu de résistance contre tous ceux qui pensent que la possibilité de vivre ensemble est devenue un mirage.
La musique étant la pratique culturelle préférée des Français et le chemin le plus court pour aller vers l’autre, elle va constituer l’un des axes principaux de notre politique culturelle. Avec l’Orchestre Symphonique de Mulhouse, le Conservatoire, le Noumatrouff, les nombreux orchestres et chorales, Mulhouse est une véritable cité de la musique et nous allons porter un projet qui permettra à Mulhouse de rayonner par des projets musicaux d’envergure.
Un autre axe sur lequel nous souhaitons travailler concerne la création artistique. Nous manquons aujourd’hui d’outils d’aide à la création, notamment dans le domaine des arts plastiques. Les élèves de la Haute Ecole des Arts du Rhin et les nombreux artistes établis sur notre territoire représentent un énorme potentiel dans le secteur de l’innovation artistique. Une pépinière qui permettra de soutenir les jeunes artistes et de les accompagner dans leurs parcours, de nouveaux lieux d’exposition et des outils numériques permettant de promouvoir la création mulhousienne seront mis en place.
Nous lancerons également dès 2014 un appel aux projets culturels dans tous les quartiers mulhousiens car s’y trouvent souvent des talents que la ville ne sait pas aujourd’hui valoriser.
Quel sera alors le projet culturel emblématique de la mandature à venir ?
Nous souhaitons très rapidement, si possible dans la deuxième année de notre mandat, proposer aux Mulhousiens une nouvelle formule de la Fête du Monde. Cet événement, qui va s’appuyer sur les dynamiques existantes dans notre ville et sur notre volonté de donner à tous les Mulhousiens l’occasion de s’identifier dans un projet culturel, a pour ambition d’instaurer le dialogue entre les pratiques culturelles populaires et la création contemporaine. Nous parions sur ce métissage. Chaque édition mettra à l’honneur un autre pays avec la danse contemporaine, le théâtre, les arts plastiques ou encore le cinéma. Cette manifestation aura pour objectif de proposer l’excellence culturelle des pays invités dans une ambiance conviviale en y associant l’ensemble des acteurs de la création artistique.
La crise a fait fondre les budgets culturels dévolus par les collectivités territoriales : comment répondre à cet état de fait ?
Ce serait méconnaître Mulhouse et ses habitants de vouloir faire des économies sur la culture en touchant à son budget, car ils sont très attachés aux institutions culturelles comme la Filature, l’OSM ou la Kunsthalle pour ne citer qu’elles. Néanmoins il est vrai que nous vivons une période dans laquelle les marges financières permettent difficilement d’augmenter les budgets ; et cela dans tous les secteurs. C’est pour cette raison qu’il faut à la fois se montrer inventif dans l’organisation des services pour qu’ils deviennent encore plus efficaces et permettre de réduire les budgets de fonctionnement pour renforcer les moyens alloués aux budgets artistiques. C’est dans cet objectif que nous souhaitons rapprocher les délégations chargées de la culture, du patrimoine et du tourisme et proposer une nouvelle organisation au sein d’une toute nouvelle Direction des affaires culturelles organisée en quatre pôles.
Comment la culture peut-elle encore constituer un levier de croissance ? Contrairement aux idées reçues, la culture n’est jamais une dépense à perte, même si parfois il est difficile de chiffrer son impact direct sur l’économie. Une récente étude a démontré que la culture contribue au PIB de la France 7 fois plus que l’industrie automobile et elle est pourvoyeuse de 670000 emplois directs.
Même si ce n’est pas l’objectif premier de la politique culturelle, nous souhaitons à travers le rayonnement culturel de Mulhouse prendre part à son développement économique. Aujourd’hui, la scène nationale de la Filature, le Conservatoire, le Ballet du Rhin attirent dans notre ville beaucoup de cadres qui contribuent à la richesse de notre cité, mais nous souhaitons aller encore plus loin.
Nous souhaitons en collaboration avec l’Office de tourisme et nos partenaires économiques et institutionnels de M2A positionner la culture comme un atout touristique majeur. La programmation en cours d’année, les festivals, les musées et le patrimoine de Mulhouse peuvent susciter encore plus d’intérêt auprès des visiteurs de notre région. La culture mulhousienne va devenir dans le futur une vraie destination.
