Lever le voile de l’indicible
Claire Audhuy et Baptiste Cogitore, duo du collectif Rodéo d’âme, signent un livre de témoignages dans lequel nous est livrée, de manière brute, la parole de trois anciens déportés. Nous y découvrons comment Georges Snyders chantait de la musique tsigane inventée par ses soins à un Kapo, échappant ainsi quelques dizaines de minutes chaque jour, à ses charges de travail. Pour lui, « chanter était reconquérir un peu d’humanité » à Auschwitz où « les chefs nazis écoutaient Bach avec délectation tout en continuant à brûler les Juifs. Cela pose un problème : les limites de la culture. Je parlerais alors de schizophrénie. Ils étaient portés par une idéologie proprement nazie du mépris des Juifs. Mais un amour de la beauté avait survécu en eux : coexistence de deux idéologies différentes. » Une parole parmi d’autres, preuve s’il en fallait que la mémoire est plus qu’un devoir, une pensée sur le présent et l’avenir.