Après un premier opus “de jour”, Martin Veyron revient avec Marivaudevilles de nuit. Un envoûtant plan-séquence graphique où les destinées sentimentales s’enchevêtrent.
Tout débute dans la lumière rosée du crépuscule. Plan large. Une femme devant une bouche de métro demande à un homme : « De quoi avez-vous peur ? » Plan plus serré. Il répond : « Une inconnue qui me propose tout de go de consommer un adultère, ça me fout les jetons ». Le ton est donné. Le lecteur est alors embarqué dans un bouquet d’histoires qui durera jusqu’au bout de la nuit : on suivra le “couple” jusque chez elle, on en sortira accompagnant la baby-sitter qui a rendez-vous avez son mec – un drôle de type, soit dit en passant – puis on les quittera à une terrasse de café pour d’autres. Et ainsi de suite en compagnie d’un livreur de pizzas, d’une patrouille de flics, d’un couple qui va s’encanailler dans une boite échangiste (une des séquences les plus drôles de l’ensemble), de deux petits vieux plus jeunes que bien des jeunes… Cette night in Paris s’achèvera à l’aube, près de Notre-Dame. Entre temps, Martin Veyron aura décrit toutes les teintes de gris, de noir et de rose de nos nuits (décidément plus belles que les jours) tout en légèreté et en intelligence : au fil des saynètes, des existences se déploient… qui ressemblent foutrement aux nôtres ! Il est en permanence question de sexe, sans que jamais le créateur de Bernard Lermite ne le représente. Pas même un bout de sein. C’est tout en délicatesse et en élégance qu’il explore cette contemporaine carte du tendre nocturne.
