Les Eurockéennes : portrait d’un géant des festivals
Après deux années suspendues, les Eurockéennes font leur retour en riffs, scratchs, mixes et fanfares. Tour d’horizon avec Kem Lalot, le manitou barbu aux commandes de la prog’ du mastodonte.
Plus de 80% des artistes à l’affiche viennent pour la première fois. Après les éditions annulées, il fallait faire souffler un vent de renouveau ?
Carrément ! Sur 59 groupes, 50 n’ont jamais joué aux Eurockéennes. Hormis pour les têtes d’affiches, cette préoccupation nous a accompagnés tout au long du montage de la programmation. Nous avons également tenu à présenter une vraie diversité internationale, avec 36 artistes étrangers, de 14 nationalités différentes.
Quels sont vos paris les plus osés ?
Il y en a plein ! Parmi les “découvertes”, je peux citer les deux Anglaises de Wet Leg (Plage, 01/07), sans nul doute l’un des duos les plus imparables des derniers mois. En écoutant Chaise longue, leur premier single, l’été dernier, j’ai juste fait : « Waouh ! » Au point que je me suis immédiatement lancé sur elles, sur la base d’une seule chanson. Leur album éponyme, sorti début avril, a confirmé notre intuition. C’est une vraie pépite rock, à la fois nerveuse et nonchalante, avec un phrasé post-punk je-m’en-foutiste fracassant. Dans un style différent, il y a la Française u.r. trax (Loggia, 02/07), à peine majeure et sortie de nulle part avec un son electro assez dur, façon techno berlinoise. Mais on a aussi misé sur la nouvelle scène hip-hop avec La Fève (Plage, 02/07), qui a déboulé en 2021 avec une mixtape magistrale, ERRR et le morceau Mauvais payeur.
Entre retour timide du rock indé et hégémonie du rap, l’electro était en perte de vitesse ces dernières années. Est-ce pour cela que vous avez imaginé la soirée Eurotronik ?
Pour la première fois, on dédie un moment complet à ce genre. Le samedi, à partir de minuit, toutes les scènes basculeront dans l’electro. Le projet est né du constat qu’on assiste, à mon avis, au renouveau de cette musique, avec des styles extrêmement éclectiques qui font de plus en plus sensation dans les soirées.
Cette édition braque également les projecteurs sur l’Afrique…
Ce continent est un vrai laboratoire, avec des artistes hors du commun, comme le groupe togolais de thrash métal Arka n’Asrafokor (Loggia, 30/06), qui nous décentre totalement. Sans parler du Star Feminine Band (Plage, 02/07), un collectif de sept fillettes âgées de 11 à 18 ans ! Originaires d’une école de musique béninoise, elles produisent une espèce de pop matinée des rythmes traditionnels de la région et portent un discours politique détonant sur la condition féminine.
Votre coup de coeur ?
Les Black Pumas (Chapiteau Greenroom, 01/07) : c’est LE nouveau groupe soul, avec un chanteur qu’on compare déjà à Otis Redding. Je crois vraiment que c’est un truc qui va devenir énorme dans les années à venir.
Presqu’île du Malsaucy (Belfort) du 30 juin au 3 juillet
eurockeennes.fr