Les conquérants
De l’Inde à la Chine, en passant par le Brésil : avec Portugal – Drawing the World, le Musée national d’Histoire et d’Art de Luxembourg restitue l’épopée lusitanienne autour du monde.
Au Moyen-Âge, le Portugal – dont les frontières sont fixées depuis le milieu du XIIIe siècle – est au carrefour des routes maritimes naissantes, entre l’Atlantique Nord et l’espace méditerranéen. Pour les navires, le pays est à la fois une étape essentielle et un point de départ possible vers un monde encore largement inconnu. La conjonction d’une période de stabilité politique sous le règne de Jean Ier et d’innovations techniques majeures, notamment dans la navigation, sont les racines de cette expansion. Après un bref rappel de ce contexte et de l’histoire du pays grâce à de somptueuses pièces comme une Vierge du rosaire polychrome à la douce expression ou des pierres tombales datant de la période de la domination islamique, l’exposition se déploie dans un parcours géographique avec des salles dévolues à l’Afrique, à l’Inde et à Ceylan, à la Chine et au Japon, puis au Brésil. Le visiteur y découvre plus de 130 pièces majestueuses, olifant d’ivoire délicatement ciselé de Sierra Leone, coffret venant de Goa orné avec distinction où l’argent et l’améthyste rivalisent d’éclat ou encore immenses paravents japonais décrivant l’arrivée des navires lusitaniens sur les côtes nippones qui évoquent curieusement le récent film de Martin Scorsese, Silence. On demeure éblouis devant un ostensoir du XVIIIe siècle brillant de mille feux venu du Brésil, illustrant la puissance économique du Portugal qui a mis la main sur un pays dont les richesses permettent au Roi Jean V d’être un mécène pour des artistes qui imaginent les contours d’un baroque d’une extrême richesse : diamants, rubis, topazes…
Au fil des salles, nous sommes accompagnés par les grands noms de cette aventure maritime, Bartolomeu Dias, premier occidental à doubler le Cap de Bonne-Espérance en 1488, ouvrant une nouvelle route commerciale, Pedro Álvares Cabral qui découvrit le Brésil en 1500 et bien évidemment Vasco de Gama. Au milieu du XVIe siècle, Lisbonne est une cité prospère : épices, bois précieux et textiles y affluent des quatre coins de la planète. L’exposition s’achève dans un espace dédié au Brésil, mettant en exergue la figure du père António Vieira (1608-1697), un Jésuite attentif à la défense des populations indigènes qui écrivit : « Pour parler au vent les mots suffisent, pour parler au cœur il vous faut accomplir des œuvres. » Au milieu d’un décor somptueux et glacé où voisinent portraits délicats et orfèvrerie scintillante, l’esprit se met alors à vagabonder, à partir vers une Amazonie rêvée et des jungles luxuriantes et inquiétantes que décrit si bien Roland Joffé dans Mission.
> Visite guidée suivie d’une dégustation de vins portugais, en français (20/07, 14/09 et 12/10) ou en anglais (24/08)
Atelier ouvert pour familles “La route des épices” (30/08 et 10/09)
Photos
Astrolabe planisphérique, Nicol Patenal France 1616, Musée de la Marine, Lisbonne
Coffre, Inde, Goa 1620-1650, Musée National d’Art Ancien, Lisbonne