Les aventuriers de la pyramide perdue
Suite des aventures d’un Alix quinquagénaire : désormais sénateur romain, notre héros nous entraîne sur les bords du Nil, dans les pas du dernier pharaon.
Dans le précédent opus, Les Aigles de sang (paru en septembre 2012), nous avions laissé Alix et ses deux fils Titus et Khephren (le rejeton d’Enak, adopté après la mort de son père) au cœur d’un sombre mystère imaginé par la scénariste Valérie Mangin. Et l’on constatait que la diplômée de l’École des Chartes excelle à plonger son lecteur dans un maelström narratif complexe et cohérent… Une maestria qu’elle avait également développé dans la récente trilogie Abymes (Dupuis). Devenu sénateur romain, le héros créé par Jacques Martin en 1948 est un paisible quinquagénaire. Enfin, paisible, il faut le dire vite. Happé par le vent de l’aventure, il cingle vers Alexandrie au début de ce nouvel album afin de résoudre les meurtres mystérieux de Marcus Aemilius Lepidus, grand pontife de Rome, et d’Agrippa, successeur désigné d’Auguste qui est alors empereur (l’action se déroule en 12 avant Jésus-Christ). Les coupables ? Des aigles aux serres d’or… L’origine du mal se situe cependant en Égypte où le trio va chercher les traces du principal suspect, le général Quintus Rufus.
Sans déflorer le sel d’un intrigue foisonnante, on dira simplement qu’Alix est accueilli par le très décadent préfet Barbarus lors d’un banquet où le sinistre et gras personnage montre un visage peu avenant. Le lendemain, notre héros est attaqué par une nuée de faucons… Le lecteur découvrira ensuite la tombe d’Enak, hantée par des serpents venimeux, et partira sur les traces de la “mère des pyramides”. Dans cet épisode, la grande Histoire, celle de Cléopâtre, César et de leur fils Césarion se mêle indissolublement à l’intrigue… César a-t-il bien été assassiné à Rome quelques années plus tôt ? Voilà une des questions – et un des fantômes – qui peuple cet opus riche en surprises qui se poursuivra par une attendue Conjuration des rapaces… L’ensemble est remarquablement mis en images par Thierry Démarez qui avait collaboré avec Valérie Mangin pour la saga du Dernier Troyen (Soleil). À l’obscurité des venelles de Rome succède ici l’ocre du désert égyptien. L’atmosphère demeure cependant oppressante et sourde, loin, très loin de la ligne claire originelle.