Les animaux fantastiques
Dédiée à la sculpture animalière, l’exposition Zoospective présente les étranges créatures hybrides de Mauro Corda à la Citadelle de Besançon.
Dans le cadre des manifestations célébrant le dixième anniversaire de l’inscription des fortifications de Vauban
sur la liste du Patrimoine mondial de l’Humanité par l’Unesco, est organisée une étonnante exposition de sculptures. La Citadelle de Besançon (où sont aujourd’hui installés le Musée de la Résistance et de la Déportation, le Musée comtois et le Muséum d’histoire naturelle avec ses espaces animaliers dont la vocation est de conserver des espèces menacées) accueille des pièces animalières classiques d’Antoine-Louis Barye et François Pompon, mais (surtout) un vaste troupeau rassemblant les créatures hybrides signées Mauro Corda qui affirme : « Ce qu’au fond je recherche depuis toujours, c’est l’animalité dans l’humain et l’humanité dans l’animal ». Il nous embarque sur son Arche de Noé post- nucléaire peuplée d’espèces chimériques en voie d’apparition, réflexion de toute beauté sur les expériences génétiques menées sur le vivant et la disparition de certaines bêtes.
Héritier des canons classiques, le plasticien utilise des matériaux nobles (bronze nickelé, aluminium, etc.) pour donner vie à d’improbables expérimentions zoo-artistiques renvoyant aux Métamorphoses d’Ovide. À l’extérieur, le visiteur rencontre ainsi un massif gorille-taureau – trônant avec majesté dans le parc des vigognes – ou une autruche-girafe d’une longiligne élégance au milieu des nandous, mais aussi un monumental criquet ou un rat démesuré de plus de trois mètres, animaux dont la brillance argentée évoque la perfection formelle et la noble lissitude de certaines pièces de Jeff Koons. Mais il ne s’agit que d’un apéritif : au cœur du Hangar aux Manœuvres, chacun est en effet invité à se perdre dans la pénombre d’un dédale poétique – grâce à une géniale scénographie de Lena Brissoni – organisé en six espaces (Fureurs, Mythologie, Trophées, etc.) délimités par des panneaux permettant un parcours tout en ondulations. Dans ce labyrinthe voisinent le célèbre ours de Pompon et des animaux-valises de toutes les espèces possibles et imaginables (panthère-gazelle, girafe-cerf, tigre-cobra, ours-morse, dromadaire-licorne ou encore invraisemblable babouin à plumes). Mais Mauro Corda ne se livre pas qu’à des hybridations, installant notamment un petit groupe de suricates qui semblent interroger leur avenir (et le nôtre). Dubitatifs.
À La Citadelle (Besançon), jusqu’au 15 juillet
citadelle.com
maurocorda.com
Un atelier animé par Émilie Muzy propose aux enfants (7-12 ans) de créer un masque d’animal hybride, 13/05, 10/06, 10 & 12/07