Léo Cohen-Paperman sert Le Dîner chez les Français de V. Giscard d’Estaing
Dégusterez-vous Le Dîner chez les Français de V. Giscard d’Estaing, une réception peu conventionnelle signée Léo Cohen-Paperman ?
Après avoir décortiqué les mandats de Jacques Chirac et François Mitterrand, Léo Cohen-Paperman et la Compagnie des Animaux en paradis se penchent avec malice sur un troisième président de la Ve République : Valéry Giscard d’Estaing. Se déployant entre 1974 et 1981, période marquée par les effets du premier choc pétrolier, son septennat en dents de scie apparaît ici comme un petit vaudeville. « Le public retrouve une figure connue, mais incarnée de façon singulière », débute le metteur en scène. « On additionne les images que l’on a de lui, ce que l’on sait et on imagine comment il se comporterait lors d’un dîner dans les années 1970, au cœur d’une famille française. » Une habitude qu’il avait prise dans la réalité… Accueilli dans une vieille maison d’agriculteurs normands typique de cette décennie – chaises de salle à manger en bois tressé, murs aux poutres apparentes, etc. –, le Président et sa femme Anne-Aymone partagent le repas du Réveillon à la table des Deschamps-Corrini. Le repas durera sept ans. Grimés et maquillés au fil des années, les sept interprètes sont les témoins d’une époque se prenant de plein fouet la vague de la désindustrialisation et de grandes réformes, comme la légalisation de l’avortement ou du divorce. À l’image d’une métaphore de son mandat, l’histoire commence bien, avant de dégénérer.
« Tout est politique, dans ce spectacle. Ce qu’on mange, ce qu’on boit est traité sous forme de comédie », poursuit-il. Au début, les convives profitent d’une bonne pièce de sanglier. Puis survient le plan de rigueur de Raymond Barre, et la viande est remplacée par un poisson minuscule et immangeable. C’est d’ailleurs là que la Première dame intervient, volant au secours de son mari afin de préserver les apparences. « Vous allez voir, c’est bon pour la ligne », tente-t-elle de relativiser. Sorte de trait d’union entre la famille et Giscard, elle s’évertue à redorer son image, lorsque celle-ci s’effrite. « À un moment, il parle de son plan de relance et commet une gaffe en les traitant de benêts », sourit Léo Cohen Paperman. « Il laisse échapper un « Je suis content que des gens comme vous soient convaincus par ce que je dis », puis un silence de mort s’installe. » Se demandant ce que signifie exactement « des gens comme vous », la famille se tourne vers Anne-Aymone. « Je crois que ce qu’il veut dire, c’est que son action soit accessible au plus grand nombre », paraphrase-t-elle avec maladresse. Malgré ses efforts pour être aimée, elle subit aussi de plein fouet cette situation, haïe et raillée au même titre que son époux. Quand ils n’arrivent plus à se parler, les personnages chantent sur des airs de Sheila ou Diane Tell. Si Delon a déjà chassé le président en prononçant la célèbre phrase « Je ne reçois chez moi que les gens que j’invite », on dirait bien que la famille Deschamps-Corrini n’est pas loin de réitérer.
Au Nouveau Relax (Chaumont) jeudi 3 octobre, puis au Centre culturel André Malraux (Vandœuvre-lès-Nancy) mardi 8 et mercredi 9 octobre, à La Coupole (Saint-Louis) vendredi 11 octobre, au Théâtre de Dole dimanche 13 et lundi 14 octobre, au Carreau (Forbach) mercredi 16 octobre et à l’Espace Jean Vilar (Revin) vendredi 18 octobre