Le Trille du diable édité à Strasbourg
En faisant traduire par Hélène Serrano la dernière version du Trille du diable, génial roman de l’argentin Daniel Moyano (1930-1992), les éditions strasbourgeoise La dernière goutte ajoutent une fable subversive à leur catalogue. Dans le sillage de Rimbaud – « La vie est la farce à mener par tous » – l’auteur, journaliste et musicien, emprisonné dès le début du coup d’état de 1976 et condamné à l’exil, habille d’un humour corrosif la description de l’impitoyable dictature où s’ébat Triclinio. Ce violoniste touché par la grâce, quittant sa campagne désolée de La Rioja pour rejoindre Buenos Aires, voit le monde par les sons qui tintent en continu dans sa tête, formant une portée intérieure le rendant bien étrange. En toile de fond, le putsch de 1966 laisse notre anti-héros la tête vide, errant dans un bidonville remplit d’arthritiques, dont les doigts crochus de rhumatismes peinent à tenir un archet. Mais la musique et l’imagination, si elles ne stoppent aucune bottes ni fusils, offrent un espace de résistance infini.
À paraître le 15 février chez La dernière goutte (15 €)
ladernieregoutte.fr