Le Porteur d’histoires

© André Muller

Serge Valletti inspire tant les metteurs en scène que le TAPS propose deux pièces en parallèle, l’une créée par Étienne Pommeret, l’autre par Marie-Anne Jamaux et Dominique Jacquot. Des textes qui cachent, derrière la gouaille marseillaise, les failles magnifiques d’une humanité vibrante.

Pour Serge Valletti, Marseille est « une immense ville-théâtre ». Né dans la cité phocéenne en 1951, l’auteur en porte les richesses, les excès et les contradictions, comme ses personnages à la tchatche nostalgique. « Il offre cette volubilité du dire, cette jouissance du verbe, ce plaisir de nommer toute la vitalité de nos sens, non pas issus d’une introspection douloureuse, mais d’une expression franche, libre et généreuse », explique le metteur en scène Étienne Pommeret. Pourquoi j’ai jeté ma grand-mère dans le Vieux-Port, est l’histoire de Dolorès qui surgit tandis que son petit-fils laisse s’envoler ses cendres. Une existence entière revient à la mémoire, peuplée d’aventures extraordinaires, de figures hautes en couleurs, de chagrins parce que c’est la vie aussi. Pour sa scénographie, Étienne Pommeret a voulu rendre « un hommage étincelant aux souvenirs, à la nostalgie, à nos origines » : un projecteur de diapositives, quelques caisses de vin patinées par le temps… Avec son accent chantant, Patrice Verdeil joue avec toutes les nuances de cette partition à l’humour tendre : « Ma démarche se rapproche de celle du conteur, de cette proximité, pour que le théâtre ne soit pas un temple, mais juste un abri dans lequel défilent les images d’un paysage intime dont l’humanité nous rassemble tous », confie-t-il.

Marie-Anne Jamaux et Dominique Jacquot ont choisi de mettre en scène le « looser magnifique » qui apparaît dans Au bout du comptoir, la mer. Animateur de casino, Monsieur Stephan se retrouve dans un bar désert. Whisky après whisky, il va livrer au spectateur ses états d’âme, ses déceptions, ses aigreurs, avec un humour et une lucidité à toute épreuve. « Serge Valletti s’attache à nous présenter les antihéros de notre société : des personnages à la marge, un peu fous, un peu ratés, souvent à la limite de la désocialisation. Ceux dont on se détourne ou dont on se moque gentiment, il les place en pleine lumière », souligne le duo. En inventant différents espaces de jeu, les “Jamaux-Jacquot” font voyager le personnage de l’univers quotidien qui l’entoure à son monde intérieur où l’imaginaire n’a aucune limite. « C’est de l’accumulation de ses aventures, de leur prolifération infinie, de son imagination débordante que naît la jubilation. Elle nous ramène à cet état d’enfance, quand on tire sa joie de la défaite de l’ordre, du chaos galopant, voire de la destruction. »

 

 Au bout du comptoir, la mer, à Strasbourg, au TAPS Laiterie, du 20 au au 22 mai

Pourquoi j’ai jeté ma grand-mère dans le Vieux-Port, à Strasbourg, au TAPS Scala, du 19 au 22 mai

03 88 34 10 36 – www.taps.strasbourg.eu

Et dans les villages autour de Colmar avec la Comédie de l’Est

À Turckheim, à l’Espace Rive droite, mercredi 13 mai

À Riquewihr, à la Salle des fêtes de la Mairie, samedi 23 mai

À Éguisheim, à l’Espace culturel Les Marronniers, mercredi 27 mai

À Labaroche, à la Maison des Associations, vendredi 29 mai

À Aubure, à la Salle du Préau, samedi 30 mai

03 89 24 31 78 – www.comedie-est.com

 

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