Le Nationalmusée de Luxembourg expose L’Alchimiste
Le Nationalmusée de Luxembourg réunit une superbe sélection d’œuvres d’Arthur Unger, L’Alchimiste de l’art pictural contemporain.
L’ancien MNHA poursuit son hommage à l’art contemporain grand-ducal à travers une série de rétrospectives : après Robert Brandy, et plus récemment Gast Michels, c’est au tour d’Arthur Unger d’être mis à l’honneur. Né en 1932, il tourne le dos à la peinture traditionnelle dès les années 1970, lui préférant une approche aussi personnelle qu’innovante. Troquant l’habituelle toile blanche contre une plaque de cuivre, celui que l’on surnomme “l’alchimiste” développe sa propre technique. À l’aide d’un chalumeau, il promène une flamme sur le métal qui change alors d’apparence sous l’effet de la chaleur. En parallèle de ces pyrochimiogrammes, comme il les a baptisés, il explore un autre procédé mêlant l’eau à l’encre sur papier : les psychogrammes. La rétrospective met en scène cette dualité, entre opposition et complémentarité.
Pour « faire chanter le cuivre » comme aime à dire Unger, le geste est précis et travaillé, à la fois libre et maîtrisé. Il plonge d’abord la feuille dans un bain d’acide ou de sel, puis joue avec l’intensité, la distance et les mouvements de la flamme afin d’obtenir les formes et teintes désirées. L’oxydation révèle ensuite une large palette chromatique, parfois rehaussée au crayon de couleur pour en magnifier les contrastes. Le résultat, abstrait, mais foisonnant de vie, transpose une vision hypnotique du continent africain, où le plasticien a vécu et voyagé. Associant des teintes dorées et bistres mimant l’éclat du sable et de la roche, Soleil sur Hombori (1991) rappelle les paysages arides des plateaux sahéliens. Camaïeu de teintes roses, prune et marron tout en sinuosités, Les Magiciens de Nando (1990) évoque les rituels magiques du peuple dogon, au Mali.
Tel le yin et le yang, l’œuvre du Luxembourgeois tire son équilibre de l’antagonisme, comme l’illustre son travail d’encre sur papier où l’eau remplace le feu. Il immerge ses dessins dans un bain afin de diffuser la matière dans les fibres du support, habillant son trait de pinceau d’une illusion de profondeur. Ses psychogrammes, médiums reflétant la vie intérieure de l’auteur, s’inspirent des calligraphies asiatiques. Elles représentent des figures emblématiques des cultures chinoises et nippones. L’Empire du dragon (2005) et Nuages aux dragons (2016) participent ainsi d’une variation sur le thème de cet animal mythique, symbole de puissance et de sagesse. À travers ses inspirations, ses gestes et sa spontanéité, l’œuvre d’Arthur Unger captive par son inventivité mais aussi par l’humilité du message dont elle se fait le passeur : un émerveillement sincère face à l’ailleurs.
Au Nationalmusée um Fëschmaart (Luxembourg) jusqu’au 15 octobre
nationalmusee.lu