Le Festival de Musique de Sarre présente “Orientations”

Photo de Fazıl Say par Marco Borggreve

Réunissant de grands noms de la scène musicale dans un exigeant programme, l’édition 2022 du Festival de Musique de la Sarre a pour ambition de dresser des ponts entre les peuples.

Fondé en 1989, le Festival de Musique de la Sarre est une manifestation polycentrique de haute volée. Avec Orientations pour fil conducteur, son cru 2022 affiche la volonté de « jeter un regard sur la musique de toutes les cultures. Il y a deux ans, lorsque nous avons décidé de cette thématique, nous n’avions pas prévu à quel point la société aurait besoin de la voix de la culture et du pouvoir fédérateur de la musique. Il nous apparaît plus que jamais nécessaire de construire des ponts musicaux entre les cultures, de tendre un arc musical entre Orient et Occident », résume Eva Karolina Behr. Et Bernhard Leonardy, qui partage avec elle la direction artistique du festival, d’illustrer le credo d’un événement irrigué par l’idée de dépassement des frontières, qu’elles soient géographiques – puisque la manifestation s’affirme transnationale, clairement européenne et franco-allemande en particulier – ou sociales, s’ouvrant au plus grand nombre en évoquant un voyage emmenant les festivaliers à Paris (06-09/06) : «  Chaque jour, il y a un concert dans une église, généralement associé à une visite guidée de l’orgue. Le point culminant du voyage est le programme donné par les étudiants en chant de la Hochschule für Musik Saar. Lors d’un concert au Mémorial des Martyrs de la Déportation, un signe de l’entente entre les peuples sera donné par des jeunes gens de toutes les régions du monde jouant en ensemble, c’est-à-dire ensemble, dans différentes langues. »

Pour le reste, le programme est (très) exaltant, avec notamment un concert du pianiste turc Fazıl Say et de la Camerata Salzburg dans un cadre industriel grandiose (22/05, Halle industrielle Meiser, Schmelz) où ses propres compositions – dont le génial et indispensable hommage à Atatürk, La Maison déplacée – croisent celles de Mozart. Parmi d’autres moments forts, mentionnons le récital de la soprano israélienne Chen Reiss (10/06, Abbaye Saint-Maurice de Tholey) ou le concert du Quatuor Jérusalem (12/06, Notkirche, Sarrebrück) dans un programme où deux classiques de Beethoven rencontrent les Fünf Stücke für Streichquartett d’Erwin Schulhoff, écrits au mitan des années 1920 – avant qu’il soit jugé « dégénéré » par les nazis –, page pleine d’insolence qui doit autant à Darius Milhaud qu’à la… valse viennoise ! Enfin, on partagera les coups de cœur des directeurs artistiques : le concert de l’Estonian Philharmonic Chamber Choir dirigé par Tõnu Kaljuste (18/06, Église du Château de Blieskastel) pour Bernhard Leonardy et le récital du ténor Christoph Prégardien accompagné par le pianiste Stefan Litwin, (16/06, Château de Sarrebruck) pour Eva Karolina Behr. « Non une succession de numéros individuels, mais un programme dans lequel tous les Lieder sont tissés en une seule composition. Autour du compositeur Hanns Eisler est né un parcours au sein des différentes formes d’expression du genre. Ses chansons politiques sont en effet entrecoupées par des compositions du XIXe siècle ».


Dans différents lieux de Sarre (et des région limitrophes), du 22 mai au 19 juin
musikfestspiele-saar.de

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