Le Clavier romantique

DR

L’Orchestre philharmonique de Strasbourg et son directeur musical Marko Letonja accueillent Jonathan Gilad pour un des standards du répertoire pour piano, le Concerto de Schumann.

Jonathan Gilad fut un enfant prodige : au clavier à quatre ans, il prend plaisir à l’instrument « grâce à une “tata piano”, comme on nomme affectueusement à Marseille les professeurs qui viennent donner des cours à la maison », s’amuse le virtuose qui donna ses premiers concerts à douze ans, alors fasciné par Arthur Rubinstein, « son jeu unique et son charisme rayonnant ». Son mentor ? Dmitri Bachkirov, une légende et un pédagogue hors pair rencontré à dix ans qui l’a « forgé, [lui] apportant… tout. La technique bien évidemment, mais également une certaine vision de la musique. » Sa carrière décolle lorsqu’il remplace, au pied levé, le mythe Maurizio Pollini en 1996. Il a alors quinze ans : « À cet âge, on est complètement inconscient. Je ne réalisais pas vraiment. » Le concert est un succès. Il trouve néanmoins encore le temps d’étudier après son Bac. En classe prépa, il passe les concours des quatre écoles d’ingénieurs majeures et les réussit tous : Polytechnique, Normale sup, Centrale et Mines… et intègre l’X dont il est diplômé en 2004. De là à croire qu’il y a un lien entre musique et mathématiques, il n’y a qu’un pas.

Avec l’OPS, il donnera le Concerto de Schumann, « quelque chose entre le concerto, la symphonie et la grande sonate » pour son auteur, une œuvre complémentaire de la seconde au programme à Strasbourg, la Symphonie n° 1 “Titan” de Mahler. L’une est une merveille d’intériorité romantique, tandis que l’autre ressemble à une explosion sonore novatrice. La fascination naît de ce fécond contraste. La partition de Schumann accompagne Jonathan Gilad depuis ses débuts : il l’a beaucoup jouée, explorée, travaillée. « Comme à chaque fois, j’ai commencé par m’y plonger afin de ressentir l’œuvre au plus profond. Dans un second temps, j’ai tenté de sublimer ce que j’avais compris pour le transmettre au public ». Ensuite, il l’a laissée de côté pendant dix ans pour « la retrouver aujourd’hui. Je suis heureux que ma vision ait évolué. Je m’aperçois que j’ai mûri sans m’en rendre compte. » De la fougue de l’adolescence au romantisme apaisé de la trentaine.

À Strasbourg, au Palais de la Musique et des Congrès, vendredi 23 et samedi 24 octobre

03 69 06 37 06 – www.philharmonique.strasbourg.eu

À Fribourg, à la Salle Équilibre, vendredi 30 octobre

+41 (0)26 350 11 00 – www.equilibre-nuithonie.ch

 

vous pourriez aussi aimer