Basé à Cologne, Le Cirque Bouffon installe son chapiteau à Kehl pour présenter sa nouvelle création, PARAISO, féérie familiale inspirée par Bosch.
Plutôt la folie du paradis que ses visions d’enfer. Le metteur en scène Frédéric Zipperlin l’assure, en « grand fan de Hieronymus Bosch et de son gothique tardif », sa nouvelle création « s’empare de son “bon” côté, foisonnant d’images et de couleurs » pour proposer le PARAISO (paradis en espagnol) de son Cirque Bouffon. Formé à bonne école chez Annie Fratellini, auprès de laquelle il a découvert les bases traditionnelles de son art, celui qui passa plusieurs saisons dans le Cirque du Soleil détourne aujourd’hui les structures classiques des numéros, passés au tamis d’une dramaturgie contemporaine. « Je cherche toujours le juste milieu, conservant un pont entre l’histoire de notre art et le nouveau cirque. C’est pour cela que toutes mes pièces sont pensées pour notre chapiteau itinérant, jouant à 360° avec le public placé au plus proche des interprètes et des musiciens, ce qui relève pour eux du challenge : je pense à notre magicien vénézuelien qui fait ses tours regardé de toutes parts ! »
L’ancien contorsionniste et jongleur se plait aujourd’hui à délaisser la piste pour mettre en scène, choisissant avec soin la personnalité des circassiens qu’il réunit pour « trouver cette alchimie de groupe essentielle à ce que les choses prennent et passent vers les spectateurs qui viennent en famille. » Créé en mars, ce nouveau spectacle invite à ralentir le temps pour mieux observer notre société dans laquelle chacun veut briller et devenir le roi. La quête de la couronne sert de fil rouge à PARAISO et ce n’est pas le clown bouffon et très théâtral – incarné par la jeune Noémie Pichereau, formée au Samovar – qui dira le contraire, ne ménageant pas sa peine pour la subtiliser à tous les autres ! Ici tout est visuel, dans un espace pensé pour la féerie et l’imaginaire.
Les chansons sont interprétées dans une langue “fantaisie” incompréhensible, qui accompagne les créations du compositeur ukrainien Sergej Sweschinski, fidèle de la compagnie depuis 17 ans. Accordéon, contrebasse, violon et piano voyagent dans les musiques du monde, entre tango et sauce balkanique endiablée. Un éclectisme à l’image de circassiens venant de huit pays, défiant la gravité au trapèze, à la roue Cyr, aux cordes verticales ou encore des équilibristes et contorsionnistes. S’y croisent un Mister Flap, tout en rondeurs et sans tête, un immense vélo-poisson et des formes revisitées de slapstick gaguesque ayant fait les grandes heures du cinéma muet, dans une parodie de danseuses classiques à mourir de rire.
Sous chapiteau sur la Festplatz Läger (Kehl) du 14 juin au 9 juillet
cirque-bouffon.com