Le Château des Carpathes, mystère revisité par Émilie Capliez

Le Château des Carpathes, Émilie Capliez - Photo de répétition de Simon Gosselin

Émilie Capliez est de retour avec sa nouvelle création, Le Château des Carpathes, adaptation de l’épopée fantastico-gothique de Jules Verne. 

Après les revisites de Little Nemo ou la vocation de l’aube du bédéiste Winsor McCay et de L’Enfant et les sortilèges de Ravel, vous vous penchez sur Jules Verne. Pourquoi avoir choisi Le Château des Carpathes ? 
Ce roman réunit nombre de mes amours, comme la musique, mais aussi l’envie de réaliser un projet ambitieux et familial, tout en m’interrogeant sur un mythe de la littérature jeunesse. Parler de Jules Verne évoque d’emblée beaucoup d’images, mais finalement, assez peu de monde connait cette histoire. Je voulais aussi travailler la question de la peur, du suspense qui imprègne l’oeuvre, et en proposer une lecture contemporaine. 

Le récit suit un groupe de personnes à la recherche d’un château supposément hanté. Pour l’actualiser, vous donnez par exemple au personnage de Miriota une place beaucoup plus importante. 
À l’origine, elle a un rôle archétypal de jeune première promise à Nick Deck, le forestier. Elle est également placée sous l’autorité de son père et représente une figure très passive. Ici, elle se retrouve au coeur de l’action et initie l’expédition jusqu’au château, à laquelle elle participe, avec son futur fiancé et le comte de Télek. La modernisation du livre passe également par la création du personnage de Carmen, aubergiste qui était un homme chez Jules Verne uniquement défini par ses origines juives, ce qui pose problème aujourd’hui. À un moment donné, elle dénoue cette question du féminin. Et en plus de ce rôle, elle joue aussi la narratrice et s’adresse tantôt aux spectateurs, tantôt aux autres protagonistes. 


Aux côtés des cinq comédiens interprétant, chacun, plusieurs individus, trois instrumentistes sont au plateau. Comment s’imbriquent-ils dans la pièce ? 
Pianiste, violoncelliste et trompettiste ont un statut multiple : il leur arrive de se réunir dans un petit orchestre, mais aussi d’être intégrés aux événements. La musique fait partie de l’écriture de ce spectacle, car je souhaitais créer une dramaturgie conjointe liant musique et théâtre. La compositrice et trompettiste de jazz Airelle Besson a imaginé des partitions qui ajoutent une esthétique à la fois décalée et moderne à la plume de Jules Verne. 

L’intrigue évolue dans de nombreux lieux : auberge, village, forêt, château… Comment représenter tous ces endroits ? 
C’est justement le challenge ! On ne veut pas tomber dans l’illustration, car nous ne sommes pas au cinéma. Les espaces se renouvellent sans arrêt et sont pensés en complémentarité avec deux écrans vidéo mobiles. Les projections aident à caractériser les environnements, allant d’éléments de l’ordre de la nature à des lettrages, en passant par des scènes filmées en amont, qui ne seront pas représentées en direct. Nous avons par exemple tourné des images dans la région, utilisé collines, montagnes et châteaux environnants pour plonger le spectateur dans cet univers. 


À La Comédie de Colmar du 27 février au 8 mars, à l’Auditorium de l’Opéra de Dijon mardi 6 et mercredi 7 mai et au Carreau (Forbach) mardi 27 janvier 2026 

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