À Dijon, La Périchole est mis en scène par Laurent Pelly, qui transpose l’œuvre virevoltante de Jacques Offenbach dans la contemporanéité.
La partition est irrésistible. Elle est sans doute une des plus abouties d’Offenbach, avec son propos satirique piqueté d’exotisme musical – à grands coups de grelots et de percussions, mais aussi d’échappées belles dans le folklore arabo-andalou –, où se mêlent le burlesque le plus échevelé et un certain romantisme. À Dijon, elle est servie par un casting scintillant où brillent Antoinette Dennefeld dans le rôle titre – qui fit des étincelles au Théâtre des Champs-Élysées dans cette même production, en novembre 2022 – et Philippe Talbot, Piquillo attendu d’anthologie. Si l’action est supposée se déployer dans le Pérou des dernières années de la domination coloniale espagnole, elle se voit transposée aujourd’hui (une esthétique renforcée par l’actualisation des dialogues parlés, signée Agathe Mélinand) par Laurent Pelly, amoureux fou du compositeur dont il a montré près d’une quinzaine de pièces : « C’est rarement le livret qui m’anime. Toujours la musique ! C’est la folie de la musique, sa poésie, son inventivité, sa vitalité, la drôlerie de certains passages. C’est son côté satirique et politique. Prenons les finales : ils dégagent une énergie hallucinante, qui donne envie au public de se lever et de danser. Ce sont des tubes. Qui résiste à cela ? C’est fou, joyeux, frénétique. Offenbach a un grand sens du théâtre, tout en ayant aussi un regard drôle et sensible sur le monde », décrit-il.
Ici le couple Périchole / Piquillo rappelle les « punks à chiens, des gens qui font la manche. Derrière cette pauvreté, toutefois, il y a le charme. […] Ils connaissent la misère mais s’aiment plus que tout. » L’opéra se déploie dans une ville qui a des points communs avec Lima, mais un Lima onirique où le palais du tyran est « quelque chose de cauchemardesque : un lieu non réaliste, une sorte de galerie des glaces mouvante, où se pavanent des courtisans bling-bling et des courtisanes habillées avec des robes qui évoquent la crinoline, mais coupées dans des tissus d’aujourd’hui, argentés, très brillants. Elles ont les cheveux blonds et raides, elles s’habillent comme certaines filles de Los Angeles. Ce monde artificiel et tape-à-l’œil, c’est à la fois le cauchemar de Piquillo et le rêve de Périchole, qui y accède pour la première fois. » Le résultat est un spectacle bondissant et plein de gaieté, en forme de plaidoyer contre l’autocratie parfaitement salutaire par les temps qui courent !
À l’Auditorium (Dijon) du 15 au 21 janvier
opera-dijon.fr
> Ateliers en famille (07/01, dès 6 ans) et pour les enfants (15/01, dès 5 ans)