Performance improvisée avec le concours du public, Larsen Love voit Fabrice Melquiot se mettre au défi de la poésie dans un dialogue amoureux avec le son.
Dramaturge majeur depuis une vingtaine d’années, Fabrice Melquiot multiplie les œuvres pour le théâtre, le jeune public, les chorégraphes ou circassiens, sans se départir de ses premières amours pour les planches. Dans Larsen Love, il retrouve le plaisir de jouer sur scène, dans une configuration très intime, au même niveau qu’un auditoire dont il se fait le complice. Car si vous pensiez venir confortablement vous asseoir pour assister à un spectacle, sachez qu’ici vous serez mis à contribution. Les spectateurs sont invités à choisir sept mots dans divers recueils de poésie. L’un d’entre eux confiera un souvenir et un autre désignera un objet sonore parmi ceux présents. Avec cette matière première aléatoire, l’auteur et la réalisatrice sonore Sophie Berger se lancent dans la composition instantanée d’un poème, derrière leurs ordinateurs respectifs, usant des mots et d’une galerie de sons captés dans le réel. Trois improvisations poétiques vont ainsi se succéder, mettant les artistes à l’épreuve de contraintes mouvantes qui s’ajoutent ici ou là. De quoi transpirer devant son clavier, le tic-tac des dix minutes imposées pour la composition filant à toute allure, surtout lorsque l’inspiration n’est pas fluide.
Plus qu’un poème-minute, c’est un vrai ping-pong artistique qui unit le duo : au micro, Fabrice énonce plusieurs fois les mots choisis tandis que Sophie joue à déformer sa voix, ajoutant de la reverb, des effets de loop, du delay pour créer de l’écho, de la superposition ou du canon. Le cheminement s’effectue en temps réel et à quatre mains, nous offrant la genèse, les tentatives plus ou moins fructueuses de multiples allers-retours sur le vif, entre son et voix. Pour chacun d’entre eux, la nouvelle matière proposée sert de déclencheur de la suite, comme une couleur s’ajoutant à une palette commune pour peindre un paysage mouvant aux contours encore incertains. Bien entendu, le bruit menace ce fragile équilibre, comme la touche de trop dans une toile éphémère, sensible aux moindres variations. Larsen Love n’est rien moins qu’un dialogue amoureux, de la bouche à l’oreille. Une ode à la magie de l’instant et du surgissement. Une rencontre sensible entre contrainte créatrice et vibration du monde capable de transformer toute oscillation parasite – ou vers bancal – en force collective.
Aux Bains douches (Montbéliard) les 10 & 11 octobre, puis au TJP petite scène (Strasbourg) du 12 au 14 octobre (dès 12 ans)
mascenenationale.eu – tjp-strasbourg.com
> Le duo propose une sélection de ses coups de cœur dans MA Galerie Sonore
radioma.eu
