Larmes russes

Dessin de costumes de Julie Lance

Dans cette nouvelle production d’Eugène Onéguine, chef-d’œuvre de Tchaïkovski, Pénélope Bergeret nous entraîne avec élégance dans les méandres poétiques d’un amour désespéré.

Inspiré du roman éponyme de Pouchkine, Eugène Onéguine est une « histoire d’amour qui se finit mal. Les premières mesures de l’opéra sont d’une terrible mélancolie et annoncent la suite… et la fin ! C’est un rendez-vous manqué entre deux êtres », résume Pénélope Bergeret. « Au cours de ma carrière, j’ai été bercée par les musiques de Tchaïkovski », raconte l’ancienne danseuse, « jusqu’à entretenir une puissante relation avec le compositeur. » Sa mise en scène créée à l’Opéra-Théâtre de Metz Métropole (en coproduction avec l’Opéra de Reims) se veut « délibérément classique. J’ai souhaité mettre en place un univers visuel respectant l’époque où l’opéra a été écrit. » Nous plongeons avec délectation dans cette dernière partie du XIXe siècle russe à la mélancolie doucereuse et puissamment tchékhovienne, feu d’artifice terminal d’une aristocratie à l’agonie qui est en train de se rendre compte de son inéluctable disparition… et entend bien profiter encore un peu de l’existence. Les costumes des différents protagonistes oscillent entre altière élégance (version conte de fées ou tendance folklorique pour les paysans apparaissant au début de l’œuvre) et tentation bling-bling.

Dessin de costumes de Julie Lance

Le bal de l’Acte II ressemble ainsi à un festival de couleurs joyeuses formant un univers aux accents kitsch qui contraste puissamment avec la tristesse de Tatiana, alors au fond du trou : « Instantanément tombée amoureuse d’Onéguine – qu’elle avait pris pour l’homme idéal de ses lectures de jeune fille de 16 ans – qui l’a éconduite, elle a peut-être enfin compris qu’il n’est qu’un dandy désabusé et égoïste. » En regard de cette fantaisie, le décor est d’une grande simplicité : des fenêtres, munies de volets s’ouvrant et se refermant. Plus l’action va se développer, plus le plateau deviendra épuré et sombre. Les années ont passé, Tatiana s’est mariée et la raison l’a emporté. À Saint-Pétersbourg, l’héroïne retrouve Onéguine dont elle est toujours éperdument éprise, mais « n’est plus la même. Elle s’est heurtée à la réalité de la vie. Exit la jeune fille naïve. » La femme qu’elle est devenue va à son tour envoyer paître le triste sire de sa jeunesse… pourtant désormais sincèrement amoureux d’elle.

 À l’Opéra-Théâtre de Metz Métropole, du 2 au 6 février
opera.metzmetropole.fr

À l’Opéra de Reims, vendredi 16 et dimanche 18 mars
operadereims.com 

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