L’archet rayonnant
Sol Gabetta vient au PMC nous donner, avec Muhai Tang et l’Orchestre philharmonique de Strasbourg, sa vision, intérieure et incandescente, du Concerto pour violoncelle d’Elgar.
Toutes les petites filles rêvent de devenir une princesse. C’était aussi le cas de Sol Gabetta qui découvrit la plus parfaite incarnation de ses aspirations, à neuf ans, en Argentine, où elle vivait, en entendant Christina Walewska jouer le Concerto de Dvořák : « Je me souviens encore du couple qu’elle formait avec son instrument », explique-t-elle, « mais j’ai surtout été éblouie par sa présence sur scène. On aurait dit une princesse. Ce soir-là, je crois que j’ai décidé de tout faire pour que le violoncelle devienne mon métier. » Elle en jouait déjà depuis quelques années et allait suivre, dans l’avenir, des cours avec deux éminents représentants de “l’école russe”, Ivan Monighetti (à Madrid, puis à Bâle), le dernier élève de Rostropovitch au Conservatoire de Moscou, et David Geringas (à Berlin).
Le répertoire de prédilection de la trentenaire ? Aucun, à vrai dire puisqu’elle déteste cette tendance contemporaine de placer les musiciens dans des cases : « Lorsqu’un jeune interprète enregistre deux ou trois fois des pages de Bach, on lui colle l’étiquette de “spécialiste de Bach” ». De Vivaldi aux compositeurs contemporains, comme Michel van der Aa ou Pēteris Vasks, en passant par les standards du répertoire, Chostakovitch ou Schumann, elle aime, par-dessus tout, la diversité et les contrastes. Avec l’OPS, elle interprètera le Concerto d’Elgar (1919)… à sa manière : « J’ai le sentiment que beaucoup, même de manière complètement inconsciente, essaient de suivre la voie tracée par Jacqueline du Pré » confie-t-elle. « C’est une tentation qui m’a évidemment aussi habitée, mais qui, rapidement, s’est éloignée. Aller dans cette direction ne mène nulle part : chez elle, toute l’intensité de la pièce est extériorisée, comme si une puissante chaleur émotionnelle irradiait et irriguait le public. En me plongeant dans la partition, en analysant les indications du compositeur, j’ai voulu retrouver une intensité et un rayonnement plus intérieurs, plus proches, à mon avis, de ce qu’il avait écrit. »
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