L’appel de la forêt
Dans les années 1960, le Land art érige la nature au rang de véritable support, faisant de l’œuvre une expérience liée au monde réel. L’exposition Nature to nature de David Nash illustre ce changement de paradigme dans l’art contemporain.
Né en 1945, David Nash est un dessinateur et sculpteur britannique formé au sein de prestigieuses institutions artistiques du Royaume-Uni. Cultivant un goût certain pour les paysages qui l’entourent, il s’intéresse très tôt au travail du bois, qui deviendra son médium fétiche. Membre de la Royal Academy of Arts de Londres depuis 1999, sa notoriété dépasse largement le périmètre de son île natale, ses œuvres étant visibles dans de nombreux musées et galeries à travers le monde. Considéré comme l’un des artistes ayant le mieux réussi à sublimer la nature et à se l’approprier, il s’inscrit dans la lignée du Land art, prônant non la domination, mais la recherche d’une harmonie avec elle. Sa notoriété explose en 1977 avec Ash Dome, une coupole de soixante mètres de diamètre formée par un entrelacement de frênes et constituant une œuvre infinie évoluant avec la croissance des plants. La Fondation Fernet-Branca met à l’honneur le Britannique dans Nature to nature, une exposition témoignant de la fascination qu’il éprouve pour les changements environnementaux, notamment l’érosion et le défilement des saisons.
Délaissant les matières obtenues artificiellement, il crée principalement à partir de matériaux naturels avec une prédilection pour les arbres vivants. L’artiste les sculpte à l’aide d’une tronçonneuse ou d’un chalumeau, reproduisant et décuplant l’usure qui les façonne dans leur milieu d’origine. Fervent adepte de la technique de la taille directe, David Nash procède sans croquis, se laissant guider par l’aspect sinueux de son support qui lui suggère des formes inattendues. Le sculpteur voit en ce procédé une forme d’interaction : les matières l’interpellent, le regardent et c’est de la conversation qu’elles entretiennent que naît l’œuvre. Le résultat ainsi obtenu n’est parfois qu’une étape du processus créatif, devenant à son tour une source d’inspiration. Il sert alors de modèle pour un dessin ou de moulage pour des fontes en bronze, le recours à la métallurgie conférant une puissance et une durabilité à des œuvres originellement fragiles et potentiellement éphémères. À plat ou en volume, sous forme de pastels ou de sculptures, pics, montagnes et troncs sont présentés sans ornement et occupent l’espace par eux-mêmes. Une configuration sobre et dépouillée invitant à une réflexion sur la finitude de l’art et sur notre place dans un écosystème menacé.
À la Fondation Fernet-Branca (Saint-Louis), jusqu’au dimanche 30 septembre
fondationfernet-branca.org