L’Affolement des biches par Marie Levavasseur au Théâtre Dijon Bourgogne
Marie Levavasseur explore les liens familiaux et le rapport à la mort dans L’Affolement des biches. Un sujet sombre traité avec malice !
«À la manière des biches qui s’aventurent à la lisière du bois, j’apprends à apprivoiser l’inconnu […]. Je me familiarise avec la mort qui rôde. » Du haut de ses 23 ans, la jeune comédienne Zoé Pinelli entame le prologue de cette pièce sans tourner autour du pot. Elle interprète Cahuète, adolescente de 13 ans dont la grand-mère vient de passer l’arme à gauche. « J’avais cette image de la biche, prise au piège avec un chasseur », explique Marie Levavasseur, la metteuse en scène. « Quand cet animal sent un prédateur, il se tend, il se fige. Ici, je m’interroge donc sur la façon dont la perte d’un proche arrive à nous paralyser. » Face à la disparition de la vieille dame, toute la famille se retrouve pour veiller le corps dans la maison maternelle, tentant tant bien que mal d’organiser les funérailles. Entre un père déboussolé et un conseiller funéraire aux idées fantasques, la tâche s’annonce quelque peu compliquée. Et pour couronner le tout, la défunte erre parmi les vivants, plus espiègle que jamais.
Sur une scène ouverte, sans porte ni cloison, le jardin et les différentes pièces de la grande demeure se succèdent. « L’espace bouge au fur et à mesure », confie l’autrice. Tout commence dans la salle à manger, avant de se terminer dans une clairière. Peu à peu, la maison se fait d’ailleurs envahir par la végétation, « parce que la mort nous réinscrit dans un cycle vivant. » Au milieu des adultes dépassés par la situation, Cahuète est aussi l’un des seuls personnages à pouvoir communiquer avec le fantôme de sa grand-mère. « Les deux femmes ont un lien très fort », explique Marie Levavasseur. « Le conseiller est aussi en mesure de la voir et de lui parler. Cela me semblait évident car, après tout, son métier le rapproche particulièrement de cette question. » Une vision poétique accompagnée par de l’electro, un genre surprenant au vu du contexte. « Au début, je pensais plutôt ajouter des notes de violoncelle », poursuit la metteuse en scène. « Ensuite, je me suis tournée vers ce style car je souhaite parler de la mort en célébrant la vie. L’electro est dynamique, c’est une force poussant vers l’avenir. » Un cocktail musical décalé, pensé par Benjamin Collier, compositeur et guitariste lillois, dont la signature electro-rock minimaliste se retrouve dans plusieurs œuvres théâtrales. La pop s’inscrit plus tard dans la boucle, laissant place à des berceuses tziganes, puis à un thème final cérémonial, davantage tribal.
Au Théâtre Dijon Bourgogne du 14 au 18 novembre
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