Au printemps, la deuxième édition de L’Industrie Magnifique fait fleurir de nouvelles œuvres éphémères sur les places de Strasbourg.
Au départ, une belle intuition : renouer avec la forme première du mécénat, en associant les savoir-faire des artistes et des entreprises, qui constituent avec l’espace public un « triangle vertueux » selon l’expression de Jean Hansmaennel, président d’Industrie et Territoires, association organisatrice de L’Industrie Magnifique. Le succès de la première édition en 2018 a naturellement incité à poursuivre « le mouvement ». Il fallait donner une suite aux œuvres qui ont alimenté l’imaginaire des 330 000 visiteurs tout en impulsant une nouvelle dimension à la manifestation. En doublant le nombre de partenaires – pas moins de 160, dont 50 entreprises alsaciennes mécènes et 50 artistes internationaux –, le cru 2021 est à la hauteur de ses belles ambitions. Et ce, dans un contexte de soif culturelle accrue par la fermeture des lieux de diffusion de l’art pendant de si longs mois.
Le maintien de la manifestation, après un premier report d’un an, s’inscrit dans le temps annonciateur du renouveau culturel des mois prochains. La perspective est heureuse, mais elle met davantage la pression sur les artistes et sur les entreprises qui les accompagnent. Parlons bien, parlons œuvres : la variété est au rendez-vous, variété d’intentions, variété de formes. On y trouve aussi bien de la sculpture et de la photographie, que de l’installation immersive ou des dispositifs numériques. Les Strasbourgeois s’attarderont sans doute sur les mille possibilités offertes par L’Ososphère, place du Château, pour le compte de l’entreprise Vivialys. Avec pour maîtres mots vision, modularité et imbrication, le Cosmos District propose une manière fascinante d’envisager le futur, avec une approche artistique digne des meilleurs films d’anticipation. Au gré de leurs flâneries, ils iront découvrir les pièces signées de quelques-uns des artistes alsaciens auxquels nous restons très attachés, Daniel Depoutot, Patrick Bastardoz, Michel Dejean, Catherine Gangloff, Benjamin Kiffel ou Bénédicte Bach, dont certains déjà présents lors de la première édition. Ils manifesteront peut-être une attention particulière à l’œuvre de Stéphanie-Lucie Mathern. La jeune artiste, dont on apprécie la peinture expressive, explore une voie qu’on ne lui soupçonnait guère. Avec l’entreprise Espace Couvert, spécialisée dans la structure événementielle, elle recouvre la statue de Goethe, « à la façon d’un mausolée », et fait figurer en épitaphe une intrigante phrase extraite de Faust : « L’espionnage, semble-t-il, est dans tes goûts ». À l’image de cette édition prometteuse, elle invite à découvrir ce qui se cache derrière le rideau et se laisser émerveiller par l’insoupçonné.
Sur les places de Strasbourg, du 3 au 13 juin
industriemagnifique.com