Pour son 15e anniversaire, le Museum Frieder Burda invite le Centre Pompidou pour Ensemble, somptueuse exposition où dialoguent deux collections.
Premier (et unique) citoyen allemand à avoir appartenu à la commission d’acquisition du Musée national d’Art moderne / Centre Pompidou, Frieder Burda a toujours entretenu des liens privilégiés avec l’institution française. Sobrement intitulée Ensemble, cette présentation croisée des deux collections illustre leur proximité à travers des Confrontations, titre d’une première section rassemblant des pièces issues des fonds contemporains allemands. S’y déploient des œuvres monumentales comme La Vie secrète des plantes. Le regard erre dans cet immense polyptique rassemblant dix toiles couvrant tout un mur d’Anselm Kiefer, cosmogonie poétique de pigments, de plomb et de branchages questionnant la place de l’homme dans l’univers : micro- et macrocosme sont mis en correspondance dans l’association entre végétaux et constellations, épousant la théorie de Robert Fludd (1574-1637) postulant un lien entre chaque plante et une étoile. Le parcours se poursuit en compagnie de Gerhart Richter – avec notamment sa géniale Party où les personnages sont couturés et sanguinolents, métamorphosant une soirée idéale de l’American way of life en bal des vampires –, Markus Lüpertz (angoissante Exécution, allégorie de la barbarie), Georg Baselitz ou encore Sigmar Polke. Au sein du bel ensemble consacré à ce dernier, se découvre le génial Cameleonardo da Willich peint pour la première exposition française de l’artiste, en 1979, où se croisent les figures de Lucky Luke et De Vinci dans des circonvolutions chromatiques.
Dans une seconde section éclatent des Résonances entre différentes figures de proue de l’Art moderne : Picasso, Chagall, Kirchner, etc. Dialoguent, par exemple, le dépouillement de l’Autoportrait dans la glace du cabinet de toilette où Bonnard apparaît d’une fragilité extrême, métaphore des années d’Occupation nazie, et le corps puissant d’un modèle masculin peint par Beckmann en 1944, dans Akademie II. L’expressionniste montre là un homme trapu, en résistance face aux canons artistiques du Troisième Reich privilégiant les éphèbes hyperboréens d’un Arno Breker. Installée dans la mezzanine, une dernière partie extrêmement intime propose une Sélection de photographies réalisées à Paris – alors épicentre de l’innovation – par des artistes des deux pays pendant les années 1930. De cette avant-garde sont montrées des images d’Erwin Blumenfeld, la vision de la mode moderne, chic et choc, d’Ilse Bing mais aussi les compositions implacables de Florence Henri qui joue habilement avec la lumière.
Au Museum Frieder Burda (Baden-Baden), jusqu’au 29 septembre
museum-frieder-burda.de
Du 9 au 14 juillet, tous les couples mixtes franco-allemands bénéficient d’un tarif spécial (deux entrées au prix d’une) et peuvent participer à un jeu dont le prix est un dîner dans un restaurant français de la ville
