La révolution de Yasmine
La magnétique Yasmine Hamdan fait souffler un doux parfum d’Orient sur la pop et le Grand Est, le temps de concerts métissant les sons. Petit traité d’Arabology…
Yasmine ondule et interprète l’ensorcelant Hal, au milieu de ses musiciens et d’un public conquis. Ses yeux sont dirigés vers le sol, elle hypnotise pourtant l’assistance. Filmée par Jim Jarmusch, nous n’assistons pas à une simple prestation musicale, mais à une performance fascinante, enivrés par la beauté solaire de la libanaise et le timbre de sa voix qui se mêle aux percussions. Dans Only Lovers left alive les personnages, pourtant difficile à dérider, incarnés par Tilda Swinton et Tom Hiddleston, sont séduits, envoutés, vampirisés.
À l’issue du film, le spectateur se rue sur la discographie de Yasmine Hamdan et découvre d’abord les disques de Soapkills, son ancien projet world électronique. C’était quelques années avant la furie Arabology (2009), album electro-orientalo-punchy produit par Mirwais, ex-Taxi Girl et compagnon de route de Madonna. Sorti sous le nom de Y.A.S., il fait la jonction entre l’Orient et l’Occident, Oum Kalthoum et New Order.
Les eighties ont bercé la chanteuse qui se souvient : « Les années 1980 m’ont marquée. J’étais adolescente et découvrais un avant-goût d’indépendance. Elles constituent pour moi une influence incontournable tant pour la musique occidentale qu’arabe. » Pour Arabology, elle s’est inspirée « de chansons kitsch égyptiennes ou du théâtre populaire des années 1980 en écrivant certains textes. Il y a beaucoup d’humour, de tendresse, de coquetterie, de mélancolie… » En 2012, elle livre le sobrement nommé Yasmine Hamdan réalisé avec Marc Collin de Nouvelle Vague et troque les beats electroïdes pour des arpèges acoustiques.
L’album (réédité en 2013 par Crammed en version “augmentée” sous le titre Ya Nass) convoque différents dialectes du monde arabe, les chanteuses traditionnelles qui ont bercé Yasmine, mais aussi des éléments pop appartenant à son univers bigarré. Un disque où l’on découvre un Beirut couleur sépia et où l’on se perd, fixant la ligne d’horizon et la Méditerranée. Pour l’artiste aujourd’hui installée à Paris, s’exprimer en arabe aujourd’hui « donne un sens presque militant à l’acte de chanter ou d’écrire une chanson ». Celle qui glisse des sourires entre les notes fait le crossover entre les genres, ouvre les possibles de la pop et travaille actuellement sur un nouvel album qui sortira l’an prochain. Du côté de son label, on parle à nouveau d’un « mélange mutant et élégant » qui fait le sel des compos de Yasmine.
www.mascenenationale.com Au Théâtre (Lons-le-Saunier), samedi 21 mai www.scenesdujura.com