La Révolution de Yasmine
Au moment de la réédition (augmentée) de son premier album solo au doux parfum d’Orient, focus sur Ya Nass et retour sur Arabology, précédent projet de Yasmine Hamdan.
La très photogénique Yasmine Hamdan (bientôt sur les écrans, dans le prochain Jarmusch, Only Lovers left alive, un film de vampires), après Arabology, disque orientalo-electro-punchy produit par Mirwais, a livré un album réalisé avec Marc Collin, en 2012. Ya Nass, revu et corrigé, s’offre aujourd’hui une nouvelle sortie sur Crammed.
La Libanaise a troqué les beats electroïdes et les bou(c)les à facettes pour des arpèges acoustiques ; elle a échangé l’ex-Taxi Girl pour un Nouvelle Vague. Plus classique dans la forme, Ya Nass convoque différents dialectes du monde arabe, les chanteuses traditionnelles qui ont bercé Yasmine, mais aussi des éléments pop faisant partie de son univers bigarré.
Un disque atmosphérique où l’on découvre un Beirut couleur sépia et où l’on se perd, fixant la ligne d’horizon et la Méditerranée.
Arabology : Y.A.S., of course !
Né de la rencontre de Mirwais – ex-Taxi Girl, ex-producteur de Madonna – et de Yasmine Hamdan – captivante chanteuse libanaise –, Y.A.S. est un duo electro-world qui fait la jonction entre l’Occident et l’Orient, entre New Order et Oum Kalthoum.
À l’écoute de la musique de Y.A.S., on songe beaucoup aux eighties, aux “années Taxi Girl”. Elles représentent une sorte d’âge d’or pour Yasmine : « Les années 1980 m’ont marquée. J’étais adolescente et je découvrais un avant-goût d’indépendance. Elles constituent pour moi une influence incontournable tant pour la musique occidentale qu’arabe. Je me suis inspirée de certaines chansons kitsch égyptiennes ou du théâtre populaire des années 1980 en écrivant certains textes. Il y a beaucoup d’humour, de tendresse, de coquetterie, de mélancolie… »
Si, comme Mirwais qui a composé à partir des textes sans les comprendre, vous ne parlez pas Arabe, impossible de saisir les paroles, parfois sulfureuses, le sens des thèmes abordés par Yasmine. Elle nous éclaire : « Je me suis amusée à créer des personnages, féminins ou masculins, qui dialoguent ensemble. Je ne me censure pas et dans certaines chansons, je fais référence à des événements politiques, à des symptômes propres à la société arabe. L’humour et la dérision sont des armes de résistance redoutables. Face à certaines situations où je me sens impuissante, je cherche des notes d’espoir par le jeu, le défi ou le rire qui sont des outils de survie. »
Y.A.S. produit certes une musique de danse, de fête, mais empreinte d’une forte dimension politique, notamment dans ce rapprochement Orient / Occident : « Chanter en Arabe aujourd’hui donne un sens presque militant à l’acte de chanter ou d’écrire une chanson. Avec ce projet, on essaie de remanier les frontières de la langue et de proposer des alternatives qui assouplissent certaines mentalités. »