La fleur de mon secret
Mike Bourscheid, artiste représentant le Luxembourg à la Biennale de Venise, accueille le visiteur dans un pavillon agencé et décoré par ses soins. Entretien avec Kevin Muhlen, directeur du Casino et curateur de l’expo.
Pourquoi avoir sélectionné Mike Bourscheid ?
Pour son audace ! Il est au début de sa carrière et nous connaissions peu sa production plastique, car il vit au Canada. Il s’agissait plutôt d’une découverte, d’une bonne surprise, pleine de fraîcheur.
C’est un geste d’encouragement…
C’est la politique du pavillon luxembourgeois : nous préférons saluer le potentiel d’un plasticien plutôt que d’offrir une consécration à un artiste installé. Le Grand-Duché est un important vivier de jeunes artistes et il faut le souligner, d’autant plus que le Mudam et le Casino, qui a fêté ses vingt ans l’an passé, ont contribué à leur émergence. Nous récoltons le fruit de ce que nous avons semé ces dernières années : nos structures ont permis d’ouvrir les esprits, de développer la création contemporaine.
La question de genre et d’identité sexuelle sera-t-elle abordée dans le travail vénitien de cet artiste qui aime se mettre en scène ?
Il jongle entre les genres, joue avec son propre corps et son apparence en se déguisant et se travestissant. Mike mixe les cultures et brouille les cartes pour créer quelque chose d’hybride. Dans son pavillon, il sera très présent, grâce à ses performances ou via ses costumes, sculpturaux, exposés et activés durant certaines actions. Sa vie, son corps, sont omniprésents.
Son expo est titrée Thank you so much for the flowers : le public est comme invité à pénétrer dans l’intimité de Mike Bourscheid ?
Oui, il transforme le pavillon en espace domestique habité par ses personnages assez baroques. C’est un univers personnel, composé d’objet produits dans son atelier de Vancouver : confections textiles, costumes en cuir, moulages en silicone, prothèses ou poteries. Il fait tout lui-même. Très curieux, ses influences sont autant à chercher du côté de la culture pop que de la danse contemporaine, de la haute couture que des costumes médiévaux…
Chacune des cinq pièces est comme le chapitre d’un roman qu’il nous conte durant la visite du pavillon…
Nous sommes plongés dans une atmosphère. C’est une narration libre, ouverte à l’interprétation de chacun. Dans une pièce on trouvera un vase / casque en céramique qu’il portera durant une performance où les gens sont invités à déposer une fleur. Dans une autre, il y aura le costume jaune The Goldbird Variations, à la fois viril et féminin. On passe ensuite à un espace entre salle de gym et cabine d’essayage, avec une armure en cuir ou des souliers en fer forgé. Il s’agit de différents univers, reflets des centres d’intérêt d’un artiste qui est un vrai boulimique !
Mike Bourscheid, The Goldbird Variations
© Audrey Careau