L’homme est une valeur boursière comme les autres
Le premier opus de Human Stock Exchange (HSE) se déroule en pleine crise : une seule valeur financière semble résister, l’être humain, désormais côté en bourse. Fiction ?
La scène d’ouverture de cette nouvelle trilogie est un écran de télévision : s’y déploie une scène d’émeute devant la bourse de Francfort attaquée par une foule de petits porteurs ruinés. Dans un futur proche, tout s’est cassé la gueule. Ne reste plus qu’une seule valeur : l’être humain côté en bourse. Les élites – acteurs, sportifs, médecins, hommes d’affaires… – peuvent devenir des Red Eyes. Pour eux, c’est le jackpot, puisqu’ils perçoivent un capital. Ces “élus” portent au poignet une Rate Watch indiquant leur côte (si tu n’as pas ça à cinquante ans c’est que tu as raté ta vie), à la fois signe extérieur de richesse et de puissante et élément de servitude (une côte, ça baisse). Comme de vulgaires dirigeants de sociétés anonymes, ils doivent aussi rendre des comptes à leurs actionnaires au cours s’assemblées générales. On le voit, le contrat passé avec la société qui gère le système et son dirigeant, Simon Sax, a tout du pacte faustien…
Malgré tout, Félix Fox, un vendeur de bagnoles, une “star” dans son domaine, souhaite entrer dans le système puisqu’il est ouvert à tous et permet de miser sur le potentiel de réussite de chacun (vive l’ascenseur social !). Il réussit à remplir tous les critères économiques (rentabilité, efficacité…) et physiologiques (taux de cholestérol…) pour être côté et devenir un winner. Pas évident néanmoins qu’il soit heureux pour cela. On le saura dans les deux albums à venir. Auteur d’une thématique archi-classique, le scénariste Xavier Dorison (ancien analyste financier, d’où le réalisme de l’intrigue… et désormais auteur de séries à succès comme le Troisième testament) et le dessinateur Thomas Allart réussissent à nous tenir en haleine. Ces deux-là seront bientôt côtés en bourse…