L’avis d’A
Dominique A, qui ne se prend pas pour un critique, mais pour un passeur, compile ses chroniques : autant de textes invitant humblement à jeter une oreille « par delà le mur épais du tout venant culturel ».
Amoureux des livres, ayant inspiré des auteurs (le recueil de nouvelles Tout sera comme avant, la BD J’aurai ta peau Dominique A…) ou s’étant saisi de sa plume (Y revenir, où il retourne dans le bled de son enfance), le chanteur chauve entretien un rapport privilégié avec les mots (et le reste). Durant son adolescence, il considère que « le commentaire sur la musique [est] corollaire de la musique elle-même ; il [va] de soi, il la [légitime]. » Des notes et des lettres… Le musicien dévore la presse musicale, se régale des lignes de Manœuvre et d’Assayas en même temps qu’il engloutit Young Marble Giants, Polyphonic Size (qu’il reprendra) ou tous les 45 tours de Sarah Records.
C’est presque logique que Dominique A se soit retrouvé dans la peau d’un rock critic (pour Epok, TGV magazine…). Son souhait ? « Rendre justice à ce que j’aime, plutôt que de m’attarder sur ce qui me déplaît : ce qui vous fait “tomber sous le charme comme sous la mitraille“. »
Selon lui, « La vie est trop courte pour s’emmerder avec des chefs-d’œuvre », il n’empêche qu’on en croise, des chefs-d’œuvre, dans ce recueil où Dominique, très pédagogue, s’adresse à un large public indéfini, ceux qui prennent le train (TGV mag’) ou vont faire leurs courses à la Fnac (Epok).
Il est question d’Alan Vega, de Spain, Field Mice, Pram (« un groupe pour la vie », on acquiesce), d’une compile folk du Groenland des seventies, de la collection des Éthiopiques, mais aussi d’Annie Cordy (« une femme libre »)… Comme « le discours sur la musique peut n’être qu’un prétexte à raconter des histoires », à parler de soi, de ses préoccupations d’artiste, voire de ses petites habitudes, Dominique A distille anecdotes personnelles et autres digressions, « ça et là ». Il a gardé le meilleur pour la fin de l’ouvrage où il livre des autocritiques pas vraiment complaisantes. À propos de l’album Si je connais Harry, Dominique écrit : « La tonalité des chansons est mal choisie, la voix est trop haut perchée et la diction manque de souplesse. » Sévère…
Le Mot et le reste