Juste quelqu’un de bien
Bande dessinée humaniste et heureuse, Les Petites gens, où l’on suit les destinées des habitants de deux immeubles qui se font face, donne le sourire. Nécessaire en ces temps de pessimisme et de grisaille.
Lorsqu’on ouvre l’album, la première impression est une intense luminosité : les planches de Thomas Campi irradient en effet d’un bonheur tranquille… Et pourtant les destinées des personnages que le scénariste Vincent Zabus nous invite à partager ne sont pas d’une grande gaité. Ils se nomment Paul, Louis, Lucie ou Irina. Ils sont fonctionnaires aux chemins de fer (obsédé par le sourire vissé sur le visage de son collègue de travail), écolier (ne communiquant plus avec son père suite à la disparition de sa maman), femme de ménage (bientôt licenciée, car trop âgée), danseuse (retraitée à la recherche de ses entrechats perdus). Ils se croisent dans la grisaille du quotidien mais leurs destinées, par la magie de cet album, vont se rencontrer avec une grande douceur et, au fil des pages, ces Petites gens – de ceux qu’on côtoie sans doute chaque jour – vont apparaître comme des héros du quotidien, des humains qui aiment leur prochain et ont le désir de partager encore un bonheur, de trouver un sens à leur existence. Rien de spectaculaire ne va se passer. Uniquement de petites choses, des avancées toutes simples qui démêlent quelque peu les fils méchamment entremêlés des destins. De ces trajectoires minuscules décrites avec une profonde empathie par les auteurs (qui réussissent à ne pas se fracasser sur l’écueil de la naïveté) irradie un bonheur tranquille redonnant foi en l’humanité. Voilà une fable apaisée parfaitement adaptée aux temps troublé que nous vivons et lorsqu’on ferme la BD on se met à fredonner cette stupide ritournelle des années 1990 signée Enzo Enzo qui affirme l’objectif d’être « Juste quelqu’un de bien, sans grand destin ».