Chef principal de l’Orchestre Dijon Bourgogne (ODB) à compter de septembre 2022, Joseph Bastian décrit ses ambitions pour la phalange. Zoom sur un musicien engagé.
Après trois saisons de vacance, au cours desquelles ont alterné les baguettes invitées, Joseph Bastian succède au Hongrois Gergely Madaras (2013-2019) à la tête de l’Orchestre Dijon Bourgogne (ODB). Après quelques concerts, la rencontre entre le musicien franco-suisse et la phalange bourguignonne a tourné au coup de foudre. Trombone solo, il avait quitté les rangs de l’Orchestre symphonique de la Radio bavaroise au printemps 2018 pour se consacrer à 100 % à la direction. Ses mentors ? Mariss Jansons – « Sa précision au cours des répétitions et sa capacité à lâcher prise en concert étaient extrêmement impressionnantes » –, qu’il a beaucoup côtoyé alors qu’il était son directeur musical à Munich, et Vladimir Jurowski. « Tous deux possèdent une profonde intégrité : ce sont la partition et le compositeur qui comptent et, par extension, les musiciens et le public. Leur égo vient ensuite », résume le jeune quadragénaire. Pour lui, « diriger revient à inspirer les musiciens, afin qu’ils donnent le meilleur d’eux-mêmes. Il faut travailler ensemble… Je ne suis pas un chef qui mène ses troupes en souhaitant qu’elles lui obéissent aveuglément. » Il compare même son art à celui de la haute gastronomie. « Au départ, c’est un travail technique : il faut couper, tailler, émincer, cuire… Le musicien, lui, fait ses gammes, analyse la partition. L’émotion vient en dépassant ces gestes techniques, en les transcendant. »
Joseph Bastian apprécie le « son français de l’ODB, plus clair que celui de bien d’autres formations. Comme c’est un orchestre symphonique et lyrique, il possède cette douceur opératique – histoire de faire attention à ne pas couvrir les chanteurs – qui évoque le velours. » Ambitionnant d’accroitre son rayonnement, il souhaite explorer, à côté du répertoire romantique, les œuvres classiques : « C’est ce qui fait le plus progresser », glisse-t-il. En témoigne un concert 100 % Mozart (31/03, Centre Pierre Jacques de Fontaine-lès-Dijon), en compagnie de la pianiste Anne Queffélec. La création contemporaine lui tient aussi à cœur. Dans le concert d’ouverture de saison, la seconde édition de l’Académie pour musiciens adultes amateurs (04/09, Auditorium de l’Opéra de Dijon), il a ainsi glissé Ethiopia’s Shadow in America de Florence Price. Autre temps fort, la création mondiale d’Italia de Pierre Thilloy (04/04, La Maison du Peuple de Belfort), dans une soirée qui épouse sa philosophie de composition d’un programme de concert : « Trouver une œuvre centrale ou une thématique et construire autour d’elle toute une dramaturgie sonore. » Du même compositeur, Samá’ (29/11 à La Maison du Peuple de Belfort, puis à La Commanderie de Dole le 13/12 et à L’Arc du Creusot le 02/12) est une œuvre d’art totale, entre Orient et Occident, un opéra-théâtre electro où la danse soufie croise Paul Claudel et Heiner Müller dans une étonnante hybridation.
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