Jardins divers

© Loll Willems

Guitare, mais aussi violon, alto et violoncelle : la voix de Keren Ann se mêle aux cordes du Quatuor Debussy et revisite ses chansons douces. À découvrir à La Filature mulhousienne.

Il y a 18 ans, au moment de la sortie de votre premier album et de Chambre avec vue d’Henri Salvador que vous aviez composé avec Benjamin Biolay, nous évoquions Claudine Longet. Fait-elle toujours partie de votre Panthéon ?
Même à l’époque, ça n’était pas vraiment une influence, mais plutôt une personnalité que j’aimais : on la connaissait à travers une certaine forme de musique et de cinéma, en décalage complet avec l’histoire tragique de sa vie. Sa chanson mythique, Love Is Blue, est magnifique, mais elle ne me fait pas le même effet qu’un morceau de Bob Dylan, Bruce Springsteen, Joni Mitchell ou Leonard Cohen. Je n’ai pas appris de la musique avec elle…

J’ai l’impression que vous vous êtres petit à petit écartée de l’image de fille fragile pour vous diriger vers la femme fatale, brandissant un flingue, du sang sur les mains…
C’est très subjectif de votre part car je ne me suis jamais sentie fragile. Je fais partie des gens qui roulent les câbles le matin et qui sont en pleine lumière le soir lors des concerts. J’aime la musique, l’écriture, le mélange des sons et des notes, mais je suis constamment sur le terrain, les mains dans la boue. Je suis plutôt une femme forte : dans mon métier, on doit se considérer comme un chef d’entreprise sans cesse entouré de son équipe.

Vous avez travaillé avec de nombreuses personnes et exploré de multiples univers : du folk de vos débuts au classique du Quatuor Debussy en passant par l’écriture de BO ou des parenthèses velvetiennes au sein de Lady & Bird…
Je ne cherche pas à m’entourer de gens : il s’agit plutôt de collaborations. Quand je compose un album, je n’ai besoin de personne. J’écris, de joue, je finalise… Ce qui m’intéresse, c’est d’échanger, créer des interactions pour étudier les formes possibles que peuvent prendre mes chansons. C’est un privilège que de travailler avec un réalisateur, un metteur en scène ou un chorégraphe pour une bande son, mais le plus satisfaisant reste le moment du songwriting ! Rien ne vaut l’architecture d’un couplet, d’un refrain, d’une narration…

Comment avez-vous croisé la route du Quatuor Debussy ?
Lors d’une création faite pour le festival Le Petit Bulletin à la Chapelle de la Trinité. Il devait s’agir d’une seule représentation, mais nous avons décidé de poursuivre l’aventure. Il s’agit d’un ré-habillage de mes titres au sein desquels les quatre musiciens peuvent se balader. C’est fantastique car les cordes permettent des relectures de partitions très écrites, conduites vers de nouveaux territoires.


A La Filature (Mulhouse), mardi 18 décembre

lafilature.org

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