Izïa a la fureur de vivre
Entre rythmes soutenus, confessions intimes et mélodies pop enragées, Izïa prend de La Vitesse pour mieux célébrer le retour à la vie et à la scène.
Izïa Higelin rayonne de festivals en concerts depuis ses 14 ans, avec le même fougueux élan vital qui la caractérise et cette présence scénique désarmante ayant impressionné jusqu’à Iggy Pop himself, dont elle a assuré une première partie à 16 ans à peine. Une pandémie et quelques confinements après le très réussi Citadelle, aux arrangements soignés, la rockeuse à la séduisante gouaille fait un retour ultra vitaminé avec La Vitesse, sorti avant l’été et conçu en réaction au temps figé des années Covid. Un cinquième album déroutant, tout de pop cousu, fait « dans le plaisir, le bonheur et la joie », loin… très loin du cri rock primal de Back in Town (2009) et des débuts. Entre beats nerveux taillés pour le dancefloor, refrains aux roulements de batterie répétitifs un brin convenus (Mon Coeur), synthés retentissants (Étoile noire) et rythmes latinos (Pura Vida), la jeune maman trentenaire a résolument changé de cap et accélère, pied au plancher pour « retrouver le désir de vivre et faire exploser les cieux » (Qui nous sommes). Sans complexe, elle se rue à 100 à l’heure dans toutes les directions, explore les mille et une facettes de sa rage de musique, brûlant de toute son animale énergie.
Izïa affirme son extravagance, assume ses goûts, livre ses forces et ses faiblesses dans des textes d’une frontalité qu’on ne lui connaissait pas jusque-là. « J’ai vu la mort / J’ai combattu mes peines au soleil / J’ai cru à l’amour sans faille et sans pareil / J’ai voulu tout comprendre, mais j’ai pas su faire », entend-on sur Tristesse. Car une fois passée la frénétique première moitié de l’opus – qui compte pas moins de treize titres –, l’artiste pose de précieuses ballades. En témoignent le mélancolique hymne à la vie de Remède, les claviers tout en délicatesse de Nos Rêves ou encore la très belle complainte Royale, en forme de tendre adresse au père, lui qui « apaisai[t] [s]a colère » et qu’elle croyait « immortel ». Quant au morceau qui donne son titre au disque, La Vitesse, avec ses violons grinçants sur fond de rutilante et jubilatoire chevauchée techno, il est à l’image de son autrice et interprète : puissamment libre et plein de sève. « Moi, je vais tailler la route et filer droit vers le danger / Puisqu’on n’a qu’une seule vie / Comme ce monde est sans merci / Je vais pas rester là assise à crever à tes côtés / Alors, je prends de la vitesse, prends de la vitesse. » Dorénavant, c’est promis, plus rien n’arrêtera jamais la fille du Dragon de métal.
À L’Autre Canal (Nancy) samedi 26 novembre, à La Laiterie (Strasbourg) dimanche 27 novembre, à La Cartonnerie (Reims) jeudi 8 décembre, à La Vapeur (Dijon) vendredi 9 décembre et à La Rodia (Besançon) samedi 10 décembre