Ivre d’amour et de vin
Avec cette Étude pour le Cantique des Cantiques, la chorégraphe Aurélie Gandit chemine en solo dans les mots d’Alain Bashung et Chloé Mons, en passeuse d’extases.
Initialement programmé dans le cadre de la 8e édition de Scènes d’Automne en Alsace, l’Étude pour le Cantique des Cantiques est enfin créé. Ce poème fleuve, pétri d’érotisme et de métaphores mythiques, modernisé par Olivier Cadiot pour le couple Bashung-Mons sur une musique enivrante de Rodolphe Burger, Aurélie Gandit ne cesse de l’écouter depuis plus de 15 ans. « Ce morceau continue de m’émerveiller dans sa richesse foisonnante de sens, son ambiance flottante appelant une corporalité charnelle, creusant une mémoire qui m’échappe, qui me semble venir du plus loin que l’on puisse l’imaginer… » Les élans de désir du roi Salomon et de filles de Jérusalem se mêlent à un trouble fascinant permettant toutes les interprétations, des plus dévotes aux plus mystiques, de l’exaltation des plaisirs du sexe et du vin à la communion des âmes. Pour moitié dans la bouche d’une femme, les vers sonnent bien différemment, ce qui n’est pas pour déplaire à une danseuse dont « l’approche du féminisme est bousculée depuis une dizaine d’années. De nombreuses choses ont modifié mon rapport au masculin et au féminin, la pratique intense du yoga en Inde, comme des expériences de danse soufie ou hindoue. » Elle ne compte plus ce qu’elle nomme prosaïquement des “pafs”, « percussions physico-mentales provoquant une déflagration tranquille, faisant apparaître quelque chose proche d’une révélation intérieure ». En solo, elle convoque ces états d’extase dans une scénographie minimaliste constituée d’un rideau de fils vibrant dans la lumière, où se perdre dans le sens et le temps. Une ouverture pure aux sensations et au surgissement. Des objets symboliques – dames-jeannes de verre, arbres-totems et grenades d’argile comme un écho au « Je te ferais boire du vin d’épices, du jus de ma grenade » du Cantique déclamé par Chloé Mons – se mêlent au suc de pratiques spirituelles diverses lui ayant permis de se tourner « vers elle, vers l’autre et ce qui nous relie, dans une sérénité nouvelle ». Sa recherche d’équilibre, le cœur ouvert, se glisse dans la mélopée musicale en une quête de gestes « se faisant et défaisant en même temps qu’ils se réalisent, comme s’ils jaillissaient pour la première et la dernière fois ».
À La Filature (Mulhouse), du 22 au 24 septembre
lafilature.org
Au Carreau (Forbach), jeudi 21 octobre
carreau-forbach.com