Interstella

Pionnier du minimalisme, Frank Stella est l’auteur d’une œuvre picturale petit à petit affranchie du châssis traditionnel. L’exposition que lui dédie le Museum für Gegenwartskunst de Bâle fait le point sur le travail bigarré de l’Américain.

Alors qu’il n’a qu’une vingtaine d’années, Frank Stella, né en 1936 dans le Massachusetts, réalise des tableaux noirs avec de fines rayures. Pas d’émotion, pas de narration. L’artiste considéré comme un des fondateurs du minimalisme – aux côtés de Carl André notamment – travaille, à New York, la série des Black Paintings : fonds sombres et lignes parallèles. Morro Castle (1958), œuvre de la collection du Kunstmuseum, illustre parfaitement les “peintures-objets” abstraites et géométriques caractéristiques de cette période. L’exposition bâloise Frank Stella – Peintures & Dessins rassemble des œuvres issues du fonds de l’institution. On découvre le cheminement de celui qui fera sans cesse évoluer sa pratique, passant des peintures noires aux toiles découpées (en L, en T, en croix…) ou encore à la série Protractor, toute en rondeurs et en couleurs, avec ses bandes semi-circulaires. Au milieu des années 1970, Stella s’extrait de la toile pour réaliser des pièces en volumes, sortes d’explosions en trois dimensions de couleurs ou de tourbillons picturaux en relief qui semblent jaillir des cimaises et tranchent d’avec les œuvres ténébreuses, rigoureuses et monochromes de ses débuts. L’exposition nous invite à entrer dans le processus créatif de Frank Stella grâce à une section dédiée à ses dessins préparatoires venant du cabinet des estampes. Il s’agit d’une fenêtre ouverte sur les secrets de fabrication et les pistes explorées par un artiste qui ne cesse de remettre en question son vocabulaire. Le musée lève le voile sur une œuvre hétéroclite, tour à tour d’une grande austérité ou nettement plus chamarrée, entre surface plane et relief.

À Bâle, au Museum für Gegenwartskunst, jusqu’au 30 août

+41 (0)61 206 62 62

www.kunstmuseumbasel.ch

Visuel : Ifafa II, Kunstmuseum Basel © Kunstmuseum Basel / Martin P. Bühler

vous pourriez aussi aimer