Incursions contemporaines

Photo de Pascal Bastien pour Poly

Pour ce premier concert d’abonnement de la saison, on découvrira, à côté de pages de Berio et Strauss, les sonorités de la compositrice en résidence auprès de l’Orchestre philharmonique de Strasbourg, la Finlandaise Kaija Saariaho.

Sous la baguette de son directeur musical Marko Letonja, l’OPS ouvrira la soirée avec Ritirata notturna di Madrid (1975), œuvre dans laquelle Berio s’est emparé de quatre versions d’un thème de Boccherini (1743-1805) évoquant un défilé militaire nocturne dans les rues de Madrid, les imbriquant les unes dans les autres pour réaliser une étonnante fusion. Suivra Émilie Suite, partition, co-commandée par l’Orchestre (avec le Carnegie Hall de New York, la Cité de la Musique de Paris et le Luzerner Sinfonieorchester), de Kaija Saariaho (née en 1952), dont le matériau principal provient de son opéra de 2010, Émilie : « Parties chantées et instants orchestraux alternent dans une œuvre où est dressé le portrait d’un personnage surprenant – et très mal connu – du siècle des Lumières, Émilie du Châtelet qui fut certes la maîtresse de Voltaire, mais surtout une scientifique de très haut niveau » explique la compositrice. L’esthétique de celle qui fonda le groupe Korvat auki (Ouvrez vos oreilles) en 1977 ? Elle ressemble à « un système météorologique générateur d’extase et de renouveau » pour le célèbre metteur en scène Peter Sellars. Le public aura le loisir de la découvrir au fil de la saison à travers des pages pour orchestre comme Orion (vendredi 20 juin 2014) – qui se réfère au chasseur de la mythologie grecque que Zeus métamorphosa en constellation après sa mort – ou des œuvres chambristes.

La soirée se terminera avec Don Quixote de Richard Strauss : à sa création française (1900) ce poème symphonique partagea le public : « À la fin, applaudissements et sifflets. “Bravo” et ”C’est ignoble”. Strauss, placide et endormi, semble indifférent à tout », rapporte Romain Rolland, amusé. Dans ces Variations fantastiques sur un thème à caractère chevaleresque, le violoncelle incarne le chevalier à la triste figure et l’alto son fidèle serviteur, Sancho Panza. L’auditeur est propulsé dans les mille et une péripéties du texte… Tendres pensées amoureuses adressées à la lointaine Dulcinée, célèbres combats contre les moulins à vent ou encore chevauchée dans les airs où intervient l’éoliphone – la “machine à vent” – pour évoquer une voyage imaginaire au milieu des nuages.

À Strasbourg, au Palais de la musique et des congrès, jeudi 10 et vendredi 11 octobre
03 69 06 37 06 – www.philharmonique.strasbourg.eu

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