I’m freeeee

Portrait de Davodka

La musique électronique qui n’a pas froid aux yeux et le hip-hot ont leur festival au nom trompeur, Freeeeze, s’étendant sur tout le Grand Est et participant au réchauffement climatique. Mais que fait Hulot ?

1,2,3,4 et 5 : le compte est bon! Car Freeeeze s’écrit avec cinq “e”, comme eeeelectro ou pépiteeees musicales d’ici ou d’ailleurs. La manifestation organisée par l’association Boumchaka défend des esthétiques sans œillères et des pratiques sans concession, faisant danser neuf villes et une quinzaine de lieux durant une septième édition orientée rap, genre en pleine explosion. « Nous vivons un nouvel âge d’or, peut-être plus passionnant encore que durant les nineties », nous confie Sylvain Mengel, boss de la manifestation. Reste que les artistes conviés ont tous une personnalité à part : ils s’expriment sous une même bannière mais affirment leur originalité. Entre le swing cool de Chill Bump (09/02, 112 de Terville), Sadek – pote de Soprano et compagnon de ciné de Gérard Depardieu – (10/02, BAM de Metz, invité en résidence par le festival) et le rap US mythique et latinesque de Delinquent Habbits (17/02, La Souris verte d’Épinal), difficile de dessiner un portrait robot de la scène hip-hop représentée par Freeeeze tant les contours de son visage sont flous.

Accusé, levez-vous !
Pour Davodka (16/02, La Laiterie de Strasbourg, puis le 11/05 à La BAM de Metz), le rap est un engagement, un Vrai combat : le chanteur débarque avec ses explicits lyrics rageurs, son Egotrap, ses beats affutés et livre un hip-hop hexagonal old school. Le Parisien « a vu plus de portes se fermer qu’un témoin de Jehova », mais n’a pas baissé son mic’. Il a encaissé quelques coups et bu de la Corona au petit déj’, multipliant les trous noirs matinaux… et bataille aujourd’hui pour sortir de sa Flemme olympique ! Il partage l’affiche avec Dooz Kawa : un flow et une diction à part, des Contes cruels rappés et une bataille menée contre ses démons. Son credo ? La désobéissance, car « réinterroger le cadre, c’est une forme d’intelligence ».

Goulag Drums
Lui aussi, questionne les formes, dans le domaine du son comme de l’image. Ce drôle d’Oizo (02/03, L’Autre Canal de Nancy), maître du non-sens musical et du Nonfilm sur grand écran, a commis une attaque analogique à l’aube de l’an 2000, avec un album ovniesque où il massacre les (flat) beats hip- hop à grands coups de cutter numérique. Sa marionnette jaune faisant du headbanging dans une pub Levi’s l’a exposé au très grand public, mais il n’a cessé d’adopter une attitude radicale, sans jamais se prendre au sérieux (écoutez ses titres Bruce Willis is dead ou Goulag Drums), tout en restant reconnaissant envers sa peluche mollassonne et poilue qui continue à faire des featurings sur ses pochettes de disque. Parfois, le producteur electro laisse la place à Quentin Dupieux, cinéaste, qui sort prochainement Au Poste avec Poelvoorde et Orelsan. Dans ses longs métrages, il raconte l’histoire d’un pneu tueur, de flics aussi ripoux que tordus ou décrit un futur où les jeunes se murgent à grosses lampées… de lait. Oizo a imposé un style. Mieux, il a fait des adeptes, comme Ramzy Bédia qui, l’an passé, décrivait la tristesse d’un Hibou solitaire non volontaire. Les morceaux d’Oizo ne battent pas de l’aile, ils nous donnent envie de danser sur la têêêête ! Fort heureusement, Molécule (03/03, le Puzzle de Thionville) fait rebaisser la température et passer d’une ambiance caniculaire à -22.7°C, nom de son nouvel album (qui sort le 16 février) composé au Groenland. Les plages techno-atmosphériques qui le composent sont autant de pistes inouïes pour Inuits. De quoi changer la banquise en dance-fjord.

 À L’Autre Canal et au Hublot (Nancy), à La BAM et aux Trinitaires (Metz), à La Laiterie et à l’Espace culturel Django Reinhardt (Strasbourg), à la Kulturfabrik (Esch- Sur-Alzette), à La Rockhal (Luxembourg) ou à La Souris Verte (Épinal), du 2 février au 3 mars
freeeeze.com 

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