Il est libre max

Le Frac Franche-Comté consacre ses deux expositions de rentrée à l’Art du son et rend hommage à Max Neuhaus, pionnier du genre. Immersion immédiate !

Les arts sonores sont décidemment à l’honneur en ce début de saison avec OOOL / Sound Fictions à La Kunsthalle de Mulhouse et les deux expos du Frac Franc-comtois dédiées à Max Neuhaus et Dominique Blais. Max Feed illustre la pensée d’un précurseur jugeant que notre perception de l’espace dépend autant de ce que nous voyons que de ce que nous entendons. Artiste texan (1939-2009) qui a étudié la musique à Manhattan et fut un percussionniste émérite (notamment auprès de John Cage, véritable maître à penser pour lui) a infiltré le milieu de l’art d’aujourd’hui en tentant de briser les frontières entre sonorités contemporaines et arts plastiques. Au milieu des sixties, il développe le projet Listen : des bal(l)ades urbaines où il invite le public à prêter attention aux sons de la rue, à demeurer sensible face à la poésie des fracas des boulevards, à la musicalité des bourdonnements de la cité, aux rumeurs émanant des stations de métro, au langage des pots d’échappement sur les faubourgs, à l’argot du bruit… Auteur de “topographies sonores” et autres installations in situ dans l’espace public, Max Neuhaus a notamment créé des œuvres à écouter, les oreilles immergées dans une piscine. Les auditeurs / nageurs ouvrent grand leurs orifices à la recherche auditive de bruissements difficilement identifiables, l’artiste les invitant à une plongée inédite, une aventure aquatique et sonique valant bien la peine de se mouiller. L’historien d’Art Daniele Balit a convié neuf créateurs (Sébastien Roux, Matthieu Saladin, Oleg Tcherny…) a dialoguer avec le travail de Neuhaus (dessins, installations réactivées…), à entrer en… résonance avec lui.

 

L’exposition Le Temps matériel, commissionnée par Sylvie Zavatta, directrice du Frac, rassemble des œuvres de Dominique Blais, notamment Finale (Les Adieux) conçue pour l’occasion. Ce projet se base sur la Symphonie n°45 (1772) de Joseph Haydn : pour faire comprendre au prince Nicolas Esterhazy chez qui il résidait qu’il désirait partir de son château, le compositeur a demandé à ses musiciens de quitter la scène, l’un après l’autre, à la fin de leur prestation, après avoir éteint la bougie permettant d’éclairer leur partition. À chaque dernière note, la salle s’obscurcit davantage, jusqu’au noir le plus complet. Cette scène a été rejouée (et filmée) par des élèves du Conservatoire de Besançon, réalisant une performance musicale et visuelle nous faisant faire un bond de deux siècles et demi dans le temps, le rendant palpable et matériel.

Au Frac Franche-Comté (Besançon), du 9 octobre au 30 décembre

www.frac-franche-comte.fr

 

Visuel : Max Neuhaus, Water Whistle, 1971
© Estate Max Neuhaus, Photo : Bill Seaman

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