Hot dog
Après 30 ans d’absence, le chien le plus drôle de la BD est de retour : Gai-Luron nous entraîne dans son espace gag.
Gai-Luron a été imaginé par Marcel Gotlib au cours des sixties. Au départ personnage secondaire de Nanar, Jujube et Piette – série publiée dans Vaillant, ancêtre de Pif – le chien s’est autonomisé, vivant une existence propre jusqu’au milieu des années 1980, même si son créateur l’avait laissé dans les mains de son assistant Henri Dufranne dès le début des années 1970. Héros culte, il est de retour… et il fallait bien se mettre à deux pour réaliser ce nouvel album. L’excellent Gai-Luron sent que tout lui échappe est ainsi le fruit de la conjugaison des talents du scénariste Fabcaro (notamment auteur de Z comme Don Diego) et du dessinateur Pixel Vengeur (de son vrai nom Benoît Serrou) : lauréat du Prix Schlingo 2016 pour Les Trois Petits cochons reloaded, on lui doit, entre autres, le stupéfiant Fantôme en Tergal contre la Légion Damnée du IVe Reich et des parodies – genre où il excelle – comme Black & Mortamère. À l’occasion de la parution de cet album sont en outre réédités en couleurs les dix livres de la saga originelle.
Le scénariste résume le propos de ce come-back : « L’idée n’était pas de faire du Gotlib, de l’imiter, mais de choisir des angles un peu plus personnels tout en restant le plus proche possible de [son] esprit fou. » Le résultat ? Des planches drolatiques et flegmatiques, burlesques et absurdes, où le chien rêveur enchaîne les gags en compagnie de son pote le chat Jujube, tentant toujours de séduire sa Belle-Lurette qui tombe amoureuse de John Michaël, le beau gosse de service… Enfin beau, bof… On y croise aussi d’autres personnages classiques comme Jean-Pierre Liégeois, jeune lecteur du Var ou bien plus surprenants, tel Superdupont ! Les aventures comiques de l’inénarrable chien blanc sont accompagnées, en bas de planche, par celles d’une souris facétieuses – avatar simplifié de la coccinelle de Rubrique-à-brac – menant sa propre existence gagesque, commentant l’action principale et complétant de belle manière le récit. Graphiquement imparable et comique en diable, cet opus des nouvelles aventure du Droopy à la française séduit. On espère qu’il sera suivi par beaucoup d’autres.