Have a nice trip
Pour sa cinquième édition, le festival Premiers Actes dédié au jeune théâtre européen se réoriente entre scènes institutionnelles et programmation “classique” dans les villages de Haute-Alsace.
Thibaut Wenger, directeur du festival et metteur en scène, navigue à vue, conscient qu’il y a des opportunités qui ne se refusent pas. Premiers Actes oscillera donc entre scènes établies – La Comédie de l’Est de Colmar avec La Vecchia Vacca, spectacle barré sur la maternité, le Nutella et l’allaitement, La Filature avec Décris-ravage, série documentaire sur la question palestinienne – et pièces en des lieux reculés et incongrus, questionnant l’héritage et les ruptures de transmissions générationnelles. Il est trop tôt pour prendre des décisions définitives sera une déambulation onirique à la Petite Chaufferie de Wesserling, orchestrée par Adrien Beal dans les ruines d’un paysage de Pasolini hanté par le spectre de Sophocle et une symphonie de Beethoven. Les Belges du Vivarium TremenS reviennent avec une performance de sept jours au lac de Kruth (Vallée de Saint-Amarin) sur l’une des grandes arnaques sportives du XXe siècle. Have a nice trip raconte le stratagème de Donald Crowhurst qui fit du sur place pendant 200 jours dans l’Atlantique au lieu de courir le Golden Globe 1968/69, recollant avec les concurrents sur leur route du retour, à quelques encablures de l’arrivée. Pris par le remords, il se suicide avant la fin de l’épreuve, n’assumant pas sa tromperie. Rendez-vous est donc donné au public sur les bords du lac pour suivre l’avancée du récit, du mensonge et de l’état psychologique de Donald à travers des transmissions radio, comme à l’époque.
Quant à Thibaut Wenger, c’est à ses premières amours qu’il revient, avec le fragmentaire Woyzeck de Georg Büchner. Ancrée « dans un imaginaire de western belge contemporain », la nouvelle traduction sur laquelle il s’appuie est « une sorte de français malade ou de créole réinventé que nous nommons baragouzek ». Le décor, parsemé de grilles de chantier, se complète par un dispositif de montage permettant de déplacer les espaces et ainsi jouer sur des profondeurs évolutives. Prison, friche en travaux, centre de rétention fermé… les lectures de la pièce sont multiples. « Notre pari sur cette langue très particulière est audacieux. Ce langage terrien raconte comment on arrache des populations à leurs racines pour les programmer comme des soldats. »
03 89 77 82 72 – www.premiers-actes.eu
Il est trop tôt…, à la Petite Chaufferie de Wesserling, du 30 août au 1er septembre
Have a nice trip, au lac de Kruth (Vallée de Saint-Amarin), du 28 août au 2 septembre
La Vecchia Vacca, à la Comédie de l’Est, vendredi 7 et samedi 8 septembre
Décris-ravage, à La Filature, jeudi 13 et vendredi 14 septembre