Harmony in the UK
Deux œuvres du vingtième siècle made in UK, mal connues sur le continent, signées Elgar et Walton : voilà l’alléchant menu du concert que nous propose l’Orchestre philharmonique de Strasbourg pour célébrer la Présidence britannique du Comité des Ministres du Conseil de l’Europe.
La soirée débute avec le Concerto pour violon et orchestre d’Edward Elgar (1857-1934) interprété par le virtuose qu’est Renaud Capuçon : au fil des années, l’ancien élève d’Isaac Stern est devenu un complice régulier de l’OPS. Créée en 1910, cette pièce post-romantique est emplie de mystère. Son exergue rédigée en espagnol, « Aqui está encerrada el alma de… » (Ici se trouve enfermée l’âme de…), fait-elle référence à Julia H. Worthington, aimée du compositeur ? Impossible de le savoir. En somme, il importe peu que ce portrait en trois mouvements, à la fois pastoral et intimiste, soit le sien… ou pas. Le biographe d’Elgar, Michael Kennedy écrivait à ce propos : « Quelle que soit la personne dont le Concerto renferme l’âme, il renferme finalement celle du violon. » Et c’est cela le plus important !
Suivra, toujours sous la baguette experte du chef américain John Nelson, Belshazzar’s Feast (Le Festin de Balthazar, 1931), partition monumentale de William Walton (1902-1983) qui est, avec le War Requiem de Benjamin Britten, la page chorale la plus intéressante du vingtième siècle britannique. Cette immense fresque – une « symphonie chorale en trois mouvements » plus qu’un oratorio, selon l’expression de Walton – est inspirée d’un épisode biblique tiré de l’Ancien testament. Sa première partie narre la douleur des Hébreux, prisonniers à Babylone, dans une atmosphère pleine de peine et de tristesse. La deuxième nous entraîne au cœur du festin du roi qui utilise les vases sacrés que son prédécesseur, Nabuchodonosor, avait rapporté du Temple de Jérusalem pour invoquer les divinités païennes. La musique se déchaîne alors, tempête, tourbillonne et se fait tornade barbare avant une apothéose ressemblant à une frénésie d’une incroyable puissance. Mais ce festin sacrilège est le dernier du monarque qui va mourir en même temps que sa ville va chuter : l’œuvre s’achève par la célébration extatique du dieu d’Israël. Une louange heureuse et céleste s’élève vers les cieux, transcendante conclusion d’une partition d’une grande complexité technique pour tous ses protagonistes.
Vendredi 31 août, Renaud Capuçon accompagnera l’OPS au prestigieux Festival Berlioz de La Côte-saint-André où l’on pourra découvrir ses talents d’altiste dans Harold en Italie
03 69 06 37 06 – www.philharmonique.strasbourg.eu
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