Hair

Dessin de costumes de Brice Lourenço

Directeur de l’Opéra-Théâtre de Metz Métropole, Paul-Émile Fourny conclut sa saison avec une version épurée et grandiose du biblique Samson et Dalila de Camille Saint-Saëns.

« J’aime les productions permettant de mobiliser toutes les forces vives de la maison », affirme Paul-Émile Fourny. Avec Samson et Dalila (1877) – seul de la douzaine d’opéras de Saint-Saëns passé à la postérité –, le directeur de l’Opéra-Théâtre de Metz Métropole est servi avec des scènes de chœur grandioses ou la bacchanale frénétique des Philistins célébrant leur (provisoire) victoire, dansée par les membres du ballet de l’institution lorraine. Tirée de l’Ancien testament, l’histoire aborde des thèmes classiques, le pouvoir, la haine, l’amour, la trahison… autour de la destinée de Samson, colosse qui doit sa force herculéenne à une longue et abondante chevelure. II encourage les Juifs à se soulever contre les Philistins, provoquant la colère du Grand Prêtre de Dagon. Ce dernier persuade Dalila de le séduire afin de découvrir le secret de sa puissance pour le tuer. Mais plus qu’un livret somme toute anecdotique, c’est la musique romantique française, luxuriante et teintée d’un doux exotisme – avec des réminiscences de grégorien ou du baroque de Bach – qui retient l’attention, avec des airs comme Mon cœur s’ouvre à ta voix comme s’ouvrent les fleurs aux baisers de l’aurore chanté par la perfide Dalila au naïf héros amoureux.

Passionné par le répertoire français, Paul-Émile Fourny – qui lui consacrera la presque totalité de la saison 2018 / 2019 avec notamment Les Parapluies de Cherbourg de Michel Legrand dont on se réjouit – a choisi de confier le rôle-titre à un spécialiste du genre, Jean-Pierre Furlan, un des ténors actuels les plus excitants. Pour la mise en scène, il a pris l’option de « s’écarter d’un côté péplum fifties qui sonne généralement faux » dans lequel se déploient encore trop souvent de telles œuvres, faisant le « pari de l’épure avec des costumes ne renvoyant à aucune époque précise et six tours trapézoïdales excessivement hautes – projection métaphorique de l’univers biblique – se déplaçant de manière magique sur la scène qui permettent de créer des labyrinthes, où se déploie l’action, mais aussi des conques à l’acoustique exceptionnelle ». Cette lecture élégante et sans affèteries permet d’offrir un écrin d’une belle élégance à la musique.


À l’Opéra-Théâtre de Metz Métropole, du 1er au 5 juin
opera.metzmetropole.fr

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