Guerre & musique

Depuis 2009, Je t’aime… Ich auch nicht explore les relations musicales entre France et Allemagne. Centenaire du début de la Première Guerre mondiale oblige, le cru 2014 du festival entraîne l’auditeur dans les orages sonores de 14-18.

Cette année, le festival de musique franco-allemand se plonge dans les cicatrices du premier conflit mondial à travers concerts, tables rondes et expositions. Il s’agit tout d’abord d’en restituer la bande son, que ce soit avec la rencontre de la Musique de l’Arme Blindée Cavalerie et du Musikkorps der Bundeswehr (mercredi 12 novembre) ou en découvrant des “partitions de guerre” pour alto et piano de Hindemith, Schmitt et Kœchlin croisées avec les mots de Jünger, Apollinaire et Genevoix (samedi 8 novembre). L’Espoir a aussi droit de cité avec une très belle soirée ainsi intitulée et proposée par l’Orchestre national de Lorraine (vendredi 7 novembre). Au programme des compositeurs humanistes épris d’universel : Roussel, Weill et Honegger. On découvre également, pendant toute la durée de la manifestation, une passionnante exposition photographique sur les Musiques au Front, à Saint-Pierre-aux-Nonnains.

Une autre partie de l’événement s’attache à l’évocation contemporaine de 14-18 avec plusieurs créations mondiales, dont une partition d’Olga Neuwirth, enfant terrible de la scène autrichienne. Sa musique, souvent acrimonieuse, fascine et étreint l’auditeur. Pour sa compatriote Elfriede Jelinek, elle est « un éloignement et une constance simultanée dans l’écoulement du temps qui n’est cependant pas un baume curatif ». Cette définition va comme un gant à l’œuvre qu’elle a imaginée pour un ciné-concert de Maudite soit la guerre (jeudi 13 novembre), rareté prémonitoire sortie en juin 1914 signée Alfred Machin d’une étonnante modernité dont le propos entier tient dans l’intitulé. Baignée par le cinéma, l’œuvre de la créatrice de Lost Highway (opéra d’après David Lynch), ne poursuit qu’un seul objectif, « secouer un peu les cervelles pétrifiées par la routine ». Démonstration à venir à Metz. Autre création mondiale, celle de War Work (vendredi 14 novembre), fresque visuelle et sonore de Michael Nyman, un des plus grands compositeurs de bandes originales de films à qui l’on doit notamment celles de La Leçon de piano de Jane Campion, de Bienvenue à Gattaca d’Andrew Niccol et de nombre de films de Peter Greenaway. Il trace là un pont fragile et délicat entre les noms qui s’alignent dans une sinistre parade sur les monuments aux morts et les destinées qui se dissimulent derrières ces lettres gravées, anonymes, dans la pierre.

À Metz, à L’Arsenal, du 7 au 18 novembre
03 87 74 16 16 – www.jetaimeichauchnicht.com

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