Glamourama
Les deux interprètes allient virtuosité étincelante, inspiration à fleur de peau et puissant charme : la pianiste Hélène Grimaud et la violoniste Arabella Steinbacher sont à La Philharmonie de Luxembourg pour deux soirées attendues.
Pianiste de génie, Hélène Grimaud, est sans doute une des rares instrumentistes de la “galaxie classique” qui ait su transcender les frontières du genre, devenant une véritable vedette, qu’on la connaisse pour ses prouesses musicales, ses livres ou sa passion pour les loups, puisqu’elle a fondé, en 1999, le Wolf Conservation Center et continue de militer avec ardeur pour leur défense. Dans un texte intitulé Mort, où est ta victoire ? elle résume avec brio sa vision du monde : « La mort, nul ne l’ignore, est au cœur de la vie. Il n’y a que l’amour pour permettre à la conscience de s’en emparer et, après en avoir souffert, de s’en délivrer. Chacun à sa manière, Chopin et Rachmaninov ont médité ce mystère sans fond que la musique transfigure. » À Luxembourg, on la découvrira, dans ce credo, avec le Gewandhausorchester de Leipzig (et son directeur musical Riccardo Chailly) dans le Concerto en sol de Ravel. Également au programme, la Symphonie n°4 de Mahler, partition intimiste et gracieuse qui hésite entre insouciance sereine et ironie mordante, comme si le compositeur, moqueur, nous entraînait habilement dans l’univers de l’enfance.
Le lendemain, ce sera au tour d’Arabella Steinbacher de nous séduire… Élève d’Ivry Gitlis, la virtuose est la digne descendante d’interprètes comme Fritz Kreisler ou Nathan Milstein et son jeu mêle inspiration de tous les instants, feu intérieur et naturelle aisance. C’est ce qu’on découvrira avec le Concerto pour violon de Tchaïkovski qu’elle jouera avec le St. Petersburg Philharmonic Orchestra (dirigé par Yuri Temirkanov). La soirée s’achèvera avec la célèbre Symphonie n°9 “Du nouveau monde” de Dvořák imaginée alors que le compositeur était invité aux États-Unis, pour prendre la tête d’un Conservatoire, par la richissime Jeannette M. Thurber qui désirait la naissance d’une vraie “musique nationale” américaine. Il écrivit de nombreuses pages là-bas : cette partition témoigne de l’écartèlement d’un créateur puisqu’elle constitue un “melting-pot” des deux cultures. De l’Amérique du Nord, elle épouse les influences de la musique populaire… mais de nombreux éléments demeurent ancrés dans la terre tchèque et ont la semblance d’éclats sombres de pure nostalgie. Si bien qu’on pourrait parler de symphonie “entre les deux mondes”.
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