Avec sa mise en scène placée sous le signe de l’identité, Giovanna Spinelli livre une passionnante lecture de Madama Butterfly à Metz.
Nous sommes aux États-Unis, une trentaine d’années après l’histoire narrée par Puccini, qui se clôt avec la mort de Cio-Cio-San – le vrai nom de Madama Butterfly. Pinkerton est dans son lit de douleurs. Son passé lui revient à la mémoire : la femme qu’il a épousée puis abandonnée au Japon, Dolore, son fils, devenu un homme et se tenant à ses côtés, qui ne connaît pas l’identité de sa vraie mère. Au premier acte, ce changement de paradigme chronologique – procédant par flashbacks qui sont autant de visions hallucinées d’un agonisant, remplies de fantômes – permet une intelligente relecture de l’opéra. La suite est vue par les yeux du fils, qui tente de reconstituer son histoire, en quête de son identité : « Nous le voyons errer parmi les souvenirs d’une mère désespérée et absente. La scénographie et les costumes de ce processus d’acquisition graduelle de la mémoire suivent la tradition japonaise du début du XXe siècle, mais influencés par les souvenirs de Dolore », résume Giovanna Spinelli. Elle propose une fascinante plongée dans les non-dits et les secrets de famille, jetant un regard original sur Madama Butterfly, tout en restant parfaitement fidèle à son esprit originel.
À l’Opéra-Théâtre (Metz) du 2 au 6 octobre