Générations
Figures tutélaires de la modernité, grands anciens de la musique contemporaine, compositeurs stars d’aujourd’hui et jeunes pousses : plusieurs générations se rencontrent au festival Musica entre filiations revendiquées, collisions (in)volontaires et désirs de tuer le père.
Une vingtaine de créations mondiales en 43 manifestations : Musica, creuset des sonorités des XXe et XXIe siècles, laisse une intéressante place à leurs pères spirituels comme Béla Bartók avec une version concertante de son unique opéra, Le Château de Barbe-Bleue dans une distribution d’anthologie (08/10 au PMC). Dans le même esprit, remarquons, en fil rouge, la présence de Lulu, héroïne devenue un mythe du XXe siècle, de la suite d’Alban Berg (03/10 au PMC) à sa réappropriation par les Tiger Lillies (06/10 à la Cité de la musique et de la danse). Pères et fils plus ou moins légitimes : tel pourrait être le résumé de l’esprit du festival. Illustration avec une mini tournée de l’OPS (du 25 au 30/09, à Bischoffsheim, Soultz-sous-Forêts, Reichshoffen, puis Strasbourg) placée sous le signe de la french touch où Philippe Manoury et Tristan Murail questionnent Maurice Ravel et Gabriel Fauré.
Si les classiques de la contemporanéité (Henri Dutilleux et György Ligeti en tête) et les jeunes trublions trentenaires sont également bien présents, le cœur de la programmation est constitué par les stars de la discipline nées dans les deux décennies de l’après-guerre, que ce soit Philippe Manoury, Pascal Dusapin, Hugues Dufourt (avec la création mondiale de Burning bright, 25/09 au TNS) ou Heiner Goebbels avec Stifters Dinge (25 & 26/09 au Théâtre de Hautepierre), expérience saisissante à la frontière du théâtre, de la performance et du concert. Autre moment étonnant, Golgota est un fascinant ballet équestre inspiré des processions andalouses de la Semaine Sainte (26 au 28/09 à La Filature de Mulhouse) où les chorégraphies de Bartabas rencontrent le flamenco d’Andrés Marín et les pièces polyphoniques espagnoles du XVIIe siècle. « La musique sacrée de Tomás Luis de Victoria amène une qualité d’écoute et d’émotion particulière », explique Bartabas : « Il a fallu mettre les chevaux dans cette ambiance, cela a été un travail sur le souffle et la décontraction. Et pour se mouvoir avec grâce et légèreté, il a presque fallu leur enlever l’animalité. Andrés n’est pas face à un cheval, il est face à un centaure qui n’est presque plus un cheval, et pas tout à fait un homme. »
+33 (0)3 88 23 47 23 – www.festivalmusica.org