Free, free, set them free
La Liberté irrigue la saison 2018 / 2019 de l’Opéra de Dijon. Rencontre avec Laurent Joyeux, directeur de la maison bourguignonne qui explique les enjeux de cette thématique.
Pourquoi la liberté est-elle au cœur de votre saison ?
J’ai l’impression qu’aujourd’hui elle est menacée de toutes parts. Ce concept brûlant s’est imposé à nous autour des Boréades de Rameau (22-28/03/2019), pierre angulaire de la saison que j’ai confiée à Emmanuelle Haïm et son Concert d’Astrée, des complices de longue date qui poursuivent leur cycle dédié au compositeur après Castor et Pollux, Dardanus, Pygmalion…
En quoi l’œuvre est-elle liée à la thématique ?
« C’est la Liberté qu’il faut que l’on aime / Le bien suprême, c’est la Liberté ! » Cette phrase est répétée sept fois! Si cet opéra n’a pas été donné à l’époque, ce n’est pas en raison de la mort de son auteur, mais à cause de la censure, car Rameau attaque tous les fondements de la monarchie absolue de Louis XV, l’aristocratie en tête, montrant que ce n’est pas parce qu’on naît noble qu’on l’est !
Plus surprenant vous donnez La Finta pazza (05-10/02/2019) qui n’a pas été jouée en France depuis… 1645. Que dire de cet opéra de Francesco Sacrati ?
C’est l’opéra des “premières fois” : première fois que l’orchestre est en fosse, premier opéra italien représenté en France – ce qui donna au jeune Louis XIV, alors enfant, le goût de la musique – ou encore première “scène de folie” – feindre la démence permet d’énoncer une vérité –, un procédé qui sera très employé plus tard, notamment dans Lucia di Lammermoor.
Vous proposez deux fantastiques portraits de femmes, à l’opposée l’une de l’autre, avec Carmen de Bizet (17-25/05/2019) et Jenůfa de Janáček (26-30/10)…
Je me suis interrogé sur Carmen, symbole de la femme qui s’affranchit des conventions sociales, aimant qui et quand elle a envie d’aimer. Jenůfa est la femme prisonnière posant la question de l’absence de liberté dans une société étouffante. Ce sont deux visions très actuelles qui continuent de s’opposer.
Il n’était pas envisageable, j’imagine, de faire une saison autour de la liberté, sans Nabucco de Verdi (15-24/11) ?
C’est l’opéra qui permet de mettre en avant la volonté de Liberté du peuple avec le célébrissime Va, pensiero devenu l’hymne du Risorgimento italien.
L’année lyrique s’achève avec Koma de Georg Friedrich Haas (14 & 15/06/19) : quelle liberté explore cet opéra de 2016 ?
L’œuvre pose la question de notre ultime Liberté, face à la mort à travers un patient dans le coma : l’opéra est vu de son point de vue – dans le noir complet – puis de celui du corps médical et de la famille.
La billetterie est ouverte
opera-dijon.fr