Free as a bird
Durant l’été, le jazz se vit en live, le temps de nombreux festivals permettant de revoir ses classiques et de se projeter dans l’avenir d’un genre en mouvement permanent, libre comme l’air.
Un vent de liberté souffle sur le Grand Est cet été. À Senones, grâce au festival Jazz dans les vallées, la clarinette s’exprime de manière décomplexée en compagnie d’Ebony-5t, en concert avec le grand Louis Sclavis, figure du jazz free. À découvrir encore, l’ensemble XXI.n ou 88 saxes, projet de Bernica influencé par la musique afro-américaine. Pas de doute, le site de l’abbaye – où a lieu la manifestation – va vivre un moment percutant, festif, inventif. Créatif pourrait être le maître-mot du festival Jazzdor Strasbourg-Berlin qui fête sa neuvième édition, toujours dans la capitale allemande avec, en clôture, le Supersonic du barbu Thomas de Pourquery (saxo) qui s’empare de manière irrévérencieuse du répertoire bigarré de Sun Ra. Un musicien mythique, revu par la nouvelle génération… Ce projet est également à l’affiche de Jazz et Musique Improvisée en Franche-Comté qui questionne également l’héritage jazz et se demande : « Comment être fidèle et libre à la fois ? » Pour cette 34e édition, l’équipe du festival a décidé de regarder derrière elle, « pour ne pas oublier d’où nous venons avec toutes ces musiques qui nous ont construit ». Durant l’événement, Laure Donnat (voix) & Lilian Bencini (contrebasse) rendront hommage à Billie Holiday, Daunik Lazro (sax alto et baryton) & Didier Levallet (contrebasse) se confronteront au répertoire d’Albert Ayler et Manu Codjia (guitare), Géraldine Laurent (saxophone alto) & Christophe Marguet (batterie) s’attaqueront à Charlie Parker. Au cours d’Au Grès du Jazz, La Petite Pierre résonnera également au son de légendes (Chucho Valdés, Archie Shepp ou Gary Peacock qui fête ses 80 ans !) et de jeunes prometteurs. Le festival fera cette année un magnifique focus sur l’Afrique, conviant le génial Tony Allen (photo), batteur de Fela, et Seun Kuti en concert accompagné du légendaire Egypt 80. Le jazz aime se frotter aux musiques du monde, comme le prouveront les groupes conviés par Ramp’Art Festif à Wissembourg : Place Klezmer, Les Violons Barbares ou Electrik Gem, que l’on a souvent croisés dans nos colonnes.
qui a peur du grand méchant wolfi ?
Le meilleur du jazz international se donne rendez-vous à Wolfisheim pour une série de concerts gratuits (l’après-midi) et de shows à des prix raisonnables pour les pointures conviées : l’influent Kenny Garrett, l’immense bluesman Lucky Peterson ou la grande voix de Dee Dee Bridgewater, une « artiste qui a une palette incroyable et un charisme énorme » selon le programmateur, Nicolas Folmer (également trompettiste, il se produira le 28/06). Le festival Wolfi Jazz, décidemment très ouvert, risque fort d’attirer un large public, pas forcément jazz addict, avec la venue très funky d’Earth, Wind and Fire, auteurs entres autres tubes groovy de Jungle Boogie, titre sauvage présent dans la BO de Pulp Fiction. Ne pas rater le concert de clôture avec Gregory Porter (photo) « qui ne se contente pas de revoir les standards jazz », mais interprète également ses propres chansons. Un festival populaire – qui a attiré quelque 9000 personnes l’an passé – et familial, pour les accros au jazz ou simples amateurs, dans un sympathique et bucolique cadre, le Fort Kléber.
Wolfi Jazz, à Wolfisheim, du 24 au 29 juin
beau temps, n’est-ce pas ?
À Météo on parle volontiers de pluie (de notes), d’embellies (musicales) et même de violentes bourrasques… car il s’agit bien du plus mouvementé et indiscipliné des festivals du Grand Est, conviant des musiciens qui n’hésitent pas à secouer le cocotier jazz. Fabien Simon, directeur, défend un événement à « dimension humaine » qui promeut des esthétiques « inventives », flirtant parfois avec la musique contemporaine, improvisée ou expérimentale. À écouter en live cette année, la musique free d’Evan Parker ou de Fred Frith, l’electro frondeuse de Markus Schmickler ou le saxophone de James Chance, figure de l’underground new-yorkais de la fin des 70’s et chantre du mouvement no wave. Il s’agit de la tête d’affiche d’une manifestation qui ne cherche pas vraiment à en avoir. « Chez James Chance, il y a une vraie inspiration jazz avec une pointe de punk et un peu de funk. Sa venue permet de dédramatiser les choses et faire danser les gens. Météo n’est pas un festival austère », insiste le directeur d’un événement qui ouvre avec James “Blood” Ulmer, grand guitariste blues, et qui se poursuit avec l’afrobeat d’Onom Agemo & the Disco Jumpers ou le ciné-concert de Surnatural Orchestra sur Profondo Rosso de Dario Argento. « Il faut se libérer des étiquettes ! »
Festival Météo, du 6 au 29 août, à Mulhouse
[boxla jazz-list
Jazz dans les Vallées, les 6 / 7 et 20 juin, à Senones
Jazzdor Strasbourg-Berlin, du 2 au 5 juin, à Berlin, au Kesselhaus, dans la Kulturbrauerei
www.jazzdor-strasbourg-berlin.eu
Festival Jazz et Musique Improvisée en Franche-Comté, du 22 au 27 juin, à Besançon
Wolfi Jazz, du 24 au 21 juin, au Fort Kléber, à Wolfisheim
Ramp’Art Festif, du 18 au 29 juin, à Wissembourg
www.relais-culturel-wissembourg.fr
Jazz Open, du 3 au 12 juillet, à Stuttgart
Festival Météo, du 6 au 29 août, à Mulhouse
Au Grès du Jazz, du 7 au 16 août, à La Petite Pierre
www.augresdujazz.com[/box]