François Sarhan à l’honneur de la 42e édition du Festival Musica

François Sarhan © Beonît Linder pour Poly

Compositeur, mais aussi metteur en scène et plasticien, adepte du collage, François Sarhan est à l’honneur de la 42e édition de Musica.

Placé sous le signe du politique, le cru 2024 de Musica débute par De Staat (20/09, Maillon), monument minimaliste de la musique répétitive seventies signé Louis Andriessen, se colletant d’ironique manière avec La République de Platon. Entrant en résonance avec cette pièce mythique, des œuvres – actions sonores, installations, etc… – ont été commandées à une dizaine d’artistes, parmi lesquels François Sarhan. Le compositeur quinquagénaire a découpé en bandes verticales les trois dernières pages de la partition, puis les a recollées en mêlant ce matériau à un texte choisi par les interprètes, leur demandant d’exprimer ce qui demeure lisible. Le portrait kaléidoscopique qui lui est dédié se complète d’une exposition, Épicerie solitaire (13/09-03/10, QG du Festival). Voilà invitation à rentrer dans l’encyclopédie imaginaire du Professeur Glaçon initiée en 2008 – « Un nom comme Dada, un peu choisi au hasard, il aurait pu se nommer Professeur Projecteur ou Tabouret ». À partir de matériaux d’une grande banalité (vieilles photos, publicités…), des « données modestes, mais nécessaires », se crée un bloc de savoir inventé, non utilisable immédiatement, permettant de s’interroger sur la connaissance – comment on mémorise les choses, comment elles sont filtrées, appréhendées, interprétées, amalgamées –, métamorphosant l’affaire en un fécond « appel à l’imagination ».

Un procédé de collage d’essence similaire, dans le domaine sonore, est utilisé pour Log Book (29/09, Manufacture des Tabacs), concert de quatre heures en forme de « carnet de bord artistique et autobiographie musicale qui a débuté en septembre 2019 ». Extraits d’émissions de radio, fragments de conversation volés, jingles, compositions personnelles, field recordings, et tutti quanti sont autant de matériaux minuscules de micro-événements questionnant notre monde dans un étrange “théâtre du rien”, accompagné du Zafraan Ensemble. Le portrait se complète de Bobok, interprété par le Quatuor Diotima (29/09, Cité de la musique et de la danse) et de Covaru (25/09, Cité de la Musique et de la danse), partition inspirée de Jacques Roubaud créé par l’Ensemble Resonanz. « Je l’ai imaginée en circulant entre trois pôles – Composition Variation Rumination – qui se nourrissent les uns les autres », résume François Sarhan. Enfin, Les Murs meurent aussi (21 & 22/09, TAPS, Scala) est une pièce de théâtre musical se saisissant de situations réelles liées aux barrières érigées entre Berlin Ouest et Est, USA et Mexique ou encore Israël et Palestine, histoire d’examiner leurs conséquences sur les destinés individuelles.

François Sarhan

En divers lieux de Strasbourg du 20 septembre au 3 octobre puis à Metz du 4 au 6 octobre

festivalmusica.fr

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