Liste François Loos (UDI)
Quel bilan pour la culture dans votre ville ces six dernières années ?
L’incohérence des décisions de l’ancienne équipe ressort en premier lieu de l’inadéquation des dépenses d’investissement culturel par rapport aux dépenses de fonctionnement correspondantes : c’est ainsi que l’équipe a décidé de réhabiliter totalement le Palais des Fêtes, le Palais des Congrès, et a programmé les travaux pour 30 M d’euros du nouveau Théâtre du Maillon. Pourtant dans le même délai sont drastiquement réduites les subventions de programmation accordées au même Théâtre qui n’a jamais obtenu la moindre réponse du Maire à ces appels, provoquant la colère des 2 700 abonnés ! La Mairie ne s’est pas non plus préoccupée des changements intervenus au TNS, le départ programmé de Julie BROCHEN sans que soit connu le nom de son remplaçant semblant laisser indifférente la municipalité. L’état lamentable des édifices abritant le Musée de l’œuvre Notre DAME, qui conserve le plus beau matériau artistique de STRASBOURG, ainsi que le Musée Alsacien témoigne d’une incurie de la gestion patrimoniale culturelle dans la Ville. La transformation de l’Ancienne Douane en marché de produits bio est une illustration du défaut de vision de la Ville, l’abandon d’un lieu d’exposition temporaire ayant été à juste titre dénoncée par l’ancien directeur des Musés Roland RECHT. Tout se passe comme si STRASBOURG pensait que son image internationale et rhénane pouvait se priver de ses atouts patrimoniaux. Le déclin est en marche quand, au lieu de protéger des acquis prestigieux, la municipalité privilégie la course en avant vers l’édification de nouveaux édifices sans en planifier budgétairement le contenu. Certes l’Opéra du RHIN poursuit sa mission avec efficacité, mais sa gestion régionale avec Colmar et Mulhouse fait ressortir d’avantage les défaillances strasbourgeoises. A part l’initiative privée (Laiterie, Artefact, Oosphères, AMIA, Parlement de Musique, etc.) les institutions sous contrôle de la Ville souffrent, à l’image des Percussions de Strasbourg pour la Musique, des Migrateurs pour le cirque ou de toutes les salles du spectacle vivant qui doivent se soutenir entre elles dans l’indifférence politique. Le pouvoir en place pense sans doute que le produit culturel est bourgeois par essence, pour justifier une telle indifférence et privilégier des manifestations plus marchandes que culturelles comme le marché de Noel ou la semaine de l’Amour ! Si ces évènements ont du sens, ils ne sauraient se substituer à une politique ambitieuse pour la culture à STRASBOURG.
Quels axes de politique culturelle souhaitez-vous mener en cas de victoire aux Municipales ?
Dans un environnement aussi prestigieux que le site de STRASBOURG, dont le rayonnement international remonte à la construction sur plusieurs siècles de sa cathédrale, il faut redonner à la ville son statut d’Euro métropole culturelle :
°Capter les évènements internationaux et les inscrire dans une politique des cultures urbaines européennes où STRASBOURG affirme son rang de capitale à échelle humaniste et non bureaucratique
°Compléter l’offre des musées en revalorisant leurs orientations rhénanes autour de la Cathédrale, le Musée de l’œuvre Notre Dame devant devenir la vitrine interactive des civilisations européennes et le fer de lance d’un pôle muséal autour de la « Via Europa »
°Mettre en évidence dans chaque quartier ses édifices remarquables ou historiques en parallèle avec la valorisation de l’écrin patrimonial du centre-ville
°Accompagner les artistes et créateurs en résidence à STRASBOURG dans leurs productions au sein
du « LABO », nouvel espace de promotion dédié, en lien avec les acteurs économiques et universitaires et les institutions culturelles municipales
°Intégrer la gastronomie locale dans la hiérarchie des arts majeurs
° Créer enfin l’Office de la Culture qui manque à STRASBOURG, réunissant les représentants culturels mais aussi universitaires et économiques pour coordonner l’action culturelle et la diffuser auprès des publics et de l’extérieur
Quel serait alors le projet culturel emblématique de la mandature à venir ?
Le projet est défini dans l’axe majeur déjà évoqué : celui de créer le pôle muséal « VIA EUROPA » en réhabilitant le Musée de l’ŒUVRE NOTRE DAME et en le dotant des outils interactifs assurant d’une manière ludique et pédagogique la narration de la construction de la (et des) Cathédrale(s) et de l’Histoire des civilisations rhénanes. La valorisation du patrimoine des quartiers sera le pendant de cette politique, confrontant un modernisme ouvert au monde et accueillant ses artistes avec l’histoire millénaire de notre ville
La crise a fait fondre les budgets culturels dévolus par les collectivités territoriales : comment répondre à cet état de fait ?
Poser la question en ces termes renvoie nécessairement à l’idée que la Culture ne contribue pas à la croissance économique alors qu’au contraire elle y participe grandement dans une ville comme STRASBOURG. Sur un effectif de 11 000 emplois en ALSACE, 8 500 sont situés à STRASBOURG. Ils ne sont pas à l’écart de l’activité, mais participent pleinement à l’attrait touristique de la ville et contribuent à son image et à son prestige. La politique de la ville doit veiller évidemment à la diffusion auprès des acteurs économiques et des financeurs privés de l’intérêt majeur qu’ils pourraient tirer eux-mêmes d’un renforcement de la position culturelle de STRASBOURG. Le rôle de l’Office de la Culture sera notamment celui de promouvoir les partenariats public-privé pour la diffusion de culture et donc de l’image de la ville. Il sera aussi celui de réguler la mutualisation des moyens dont disposent les structures qu’elle subventionne non seulement pour assurer leurs programmations mais aussi pour améliorer la communication des évènement locaux auprès des organes de presse et du public . Si le budget municipal est consacré pour 25 pour cent à la Culture, c’est que celle-ci est un facteur considérable de promotion de son image, mais aussi de cohésion sociale et de démocratie locale. Les décideurs économiques ne s’engageront à côté des collectivités que si celles-ci envoient des messages clairs : une politique forte d’accompagnement des acteurs culturels dans l’intérêt de tous les participants à cet effort.
Comment la culture peut-elle encore constituer un levier de croissance ?
A l’instar de nombreuses villes internationales, STRASBOURG peut affirmer sa fierté patrimoniale et son histoire glorieuse. Toutes deux témoignent du rôle majeur de la ville comme centre humaniste et intellectuel. L’affirmation sans cesse renouvelée de ce rôle à travers les évènements que la ville organise sur le plan artistique et culturel renforce son attractivité géographique et économique. A côté de ses industries innovantes, de son Université prestigieuse, les structures culturelles ont toutes leurs parts dans le dynamisme affiché de notre cité. Celle-ci peut ainsi rappeler au monde entier qu’après un passé au milieu des affrontements européens elle rayonne désormais comme un centre de tolérance et de démocratie, ouverte aux autres et portant haut les valeurs de l’Europe, bien au-delà du simple accueil de ses institutions. En ce sens, la Culture n’est pas un simple levier de croissance économique pour la ville mais bien un instrument de sa grandeur.